Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 28 mai 2021

Stefan Zweig et la grande uniformisation du monde

838_stefan_zweig_1881-1942_1931_c_trude_fleischmann.jpg

Stefan Zweig et la grande uniformisation du monde

par Nicolas Bonnal

 

« On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s’ennuyer. »

                                                        Le Voyage dans le passé.

La dictature sanitaire a renforcé la tendance lourde à l’extermination des nations, des cultures et des traditions. L’unification parfois folle et aberrante des politiques de santé au détriment de la santé des nations  a bien renforcé ce « capitalisme totalitaire » (Bernanos) et anglo-saxon dont le but est le meurtre du monde par le lit social-impérialiste de Procuste de la mondialisation. Les persécutions et la dérive autoritaire des soi-disant démocraties occidentales et de l’Europe de la monstrueuse Van Der Leyen (descendante de nazis et d’esclavagistes tout de même, voyez Wikipédia) ne connaissent plus de limites et n’e connaitront plus, si nous n’y mettons un terme, d’une manière ou d’une autre.

Liquéfaction des nations, des sexes, des religions (avec la bonne volonté papiste c’est entendu) d’un côté, renforcement du terrorisme sanitaire et administratif de l’autre, le tout pour créer ce paradis infernal dont rêvent nos utopistes depuis des siècles (voyez le grand livre de Mattelart qui détaille bien la montée séculaire de cette utopie planétaire). L’alliance de la finance, du capital, des administrations et des médias sous contrôle rendent cette opération de magie noire apparemment imparable.

9782246748212-T.jpg

Cette dénonciation a souvent été l’apanage de gens de droite comme Céline ou Bernanos. Comme j’e l’ai montré c’est dans la Conclusion des mémoires d’outre-tombe que résonne le premier appel à la mobilisation politique  et spirituel contre le monde moderne. Dans mon livre sur Céline j’ai établi un aparallèle entre les dénonciations souvent incomprises de Céline et les meilleurs chapitres du surprenant Loup des steppes de Hermann Hesse, qui lui aussi se déchaîne contre l’entrée en vigueur d’une civilisation basée sur la consommation, l’abrutissement et la massification ; j’ai nommé la civilisation américaine, pas la première qui a ses défauts et ses qualités comme toutes (qui va jeter la pierre à Poe, Melville, Frank Lloyd Wright ou Charles Ives ?) mais la deuxième celle de l’écrasement des identités de tout ordre, et qui réunit le monde sous la grand étendard (standardisation) de la consommation. C’est la révolution hollywoodienne si l’on veut, celle que célèbre Bernays dans un livre célèbre que j’ai maintes fois évoqué.

Elle apparait dans les années vingt et commence à gêner des gens plus à gauche, et même des « juifs cosmopolites » comme Stefan Zweig l’alors l’écrivain le plu dans le monde, et qui avant de devenir un nostalgique furieux (voyez l’admirable Monde d’hier) tente de dénoncer cette uniformisation/ américanisation du monde et de nous donner les moyens (toujours plus difficiles) d’y échapper.

C’est dans une dissertation que Zweig dénonce en 1926 cette entropie du monde moderne. Il voit deux choses : cette menace est américaine, et elle menace l’Europe, qui est encore le continent de la variété et des nations – aujourd’hui un conglomérat affairiste et russophobe. Zweig :

« Une impression tenace s’est imprimée dans mon esprit : une horreur devant la monotonie du monde…. Nous devenons les colonies de la vie américaine, de son mode de vie, les esclaves de la mécanisation de l’existence …»

Certes cette américanisation peut aussi enchanter les imbéciles ;  mais Zweig voit dans cette américanisation une tendance lourde à la servitude volontaire. A la même époque Céline parle de ce troupeau américain de bêtes dociles, bien habituées à obéir. Un coup de woke et de Biden, de masque et de vaccin ?

Zweig : « Pour les âmes serviles tout asservissement parait doux et l’homme libre sait préserver sa liberté en tout lieu… Le vrai danger pour l’Europe me parait résider dans le spirituel. »

9782081365902_1.jpg

La Boétie parlé comme Chrysosotome des boissons, des tables et des spectacles pour abrutir les massés (voyez le passage sur les origines lydiennes du mot ludique) ; et Zweig de noter :

«  La plupart des gens ne s’aperçoivent pas à quel point ils sont devenus des particules, des atomes d’une violence gigantesque. Ils se laissent ainsi entrainer par le courant qui les happe vers le vide ; comme le disait Tacite : « Ruere in servitium » ils se jettent dans l’esclavage ; cette passion pour l’auto-dissolution a détruit toutes les nations… »

La dissolution ici en Espagne comme en France (où l’on a pas besoin d déconsruire une histoire qui n’est plsu enseigéne depuis des décennies, pas vraie ?) de la nation est notoire. Et on ne parlera aps de ‘lAllemagne et du reste.

Zweig ajoute sur ce renforcement à la passivité (le masque étant un vêtement à la mode comme les autres maintenant) :

…Cette uniformité enivre par son gigantisme. C'est une ivresse, un stimulant pour les masses, mais toutes ces merveilles techniques nouvelles entretiennent en même temps une énorme désillusion pour l’âme et flattent dangereusement la passivité de l’individu. Ici aussi comme dans la danse, la mode et le cinéma, l’individu se soumet au même gout moutonnier, il ne choisit plus à partir de son maître intérieure mais en se rangeant à l’opinion de tous… Conséquences : la disparition de toute individualité, jusqu’à dans l’apparence extérieure. »

La conclusion de Zweig :

« Le fait que les gens portent tous les mêmes vêtements, que les femmes revêtent toutes la même robe et le même maquillage n'est pas sans danger : la monotonie doit nécessairement pénétrer à l’intérieur. Les visages finissent tous par se ressembler parce que soumis aux mêmes désirs… Une âme unique se crée, mue par le désir accru d’uniformité, et la mort de l‘individu en faveur d’un type générique».

Et à l'époque ou un serviteur de la Bête comme Bernays, encense ce monde de la manipulation et d’uniformisation, Zweig écrit : "Séparons-nous à l'intérieur mais pas à l'extérieur: portons les mêmes vêtements, adoptons le confort de la technologie, ne nous consumons pas dans une distanciation méprisante, dans une résistance stupide et impuissante au monde. Vivons tranquillement mais librement, intégrons nous silencieusement et discrètement dans le mécanisme extérieur de la société, mais vivons enfin en suivant notre seule inclination, celle qui nous est la plus personnelle et gardons notre propre rythme de vie...".

book_895_image_cover.jpg

Zweig lutte contre l'empire (le monde moderne donc). Ce n'est pas un hasard s'il se rapproche d'une autre machine à niveler, l'empire romain, dont le résultat fut de rendre les hommes sots (voyez nos réflexions sur Hollywood et l'idiocratie) pour des siècles. Il rapproche donc notre écrivain de Sénèque qui note (Lettre à Lucilius, V): "Ayons des façons d'être meilleures que celles de la foule, et non par contraire (Id agamus ut meliorem vitam sequamur quam vulgus, non ut contrariam...)".    

C’est que Sénèque aussi avait en tant que penseur fort à faire avec son empire…

On peut trouver le texte en bilingue de Zweig aux éditions Allia, pour une somme dérisoire.

 

mardi, 25 mai 2021

Bonnal et la dictature sanitaire

NicolasBonnal3.JPG

Le CDG-NB N.01

Bonnal et la dictature sanitaire

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, rubrique extraite de Café Noir du vendredi 21 mai 2021 (N.24 – Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale)
 
 
RÉFÉRENCES (LIVRES)
 
Georges Bernanos – La Liberté pour quoi Faire ? https://livre.fnac.com/a10106031/Geor...
Nicolas Bonnal – Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
RÉFÉRENCES (FILMS)
 
Vol au-dessus d'un Nid de Coucou https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_au-...

vendredi, 14 mai 2021

Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

838_benjamin_d._maxham_-_henry_david_thoreau_-_restored.jpg

Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

par Nicolas Bonnal

« La masse des hommes sert ainsi l’État, non point en humains, mais en machines… »

Relire Thoreau par les temps qui courent en occident est intéressant, parce que ce légendaire résistant nous explique à quel point il est difficile de… résister. Et il ne fait pas de cadeaux, même à ceux qui se disent résistants :

« Ils parlent de changer la société, mais ils n’ont point de refuge hors d’elle. »

Thoreau en grand ancêtre des libertariens (une école où l’on trouve le meilleur et parfois le pire) explique comme les taoïstes (voyez le Tao Te King) que le gouvernement idéal serait celui qui ne gouvernerait pas :

« De grand cœur, j’accepte la devise : « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins » et j’aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également : « que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout » et lorsque les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu’ils auront. »

712OM1XvXKL.jpg

Thoreau refuse l’esclavage (un homme sur six alors est esclave : on n’est pas woke pour rien en Amérique) et la guerre contre le Mexique. L’Amérique hispanique fut volée et conquise, et on assiste en ce moment à une Reconquista – si j’ose dire. Thoreau explique cette guerre car les gouvernements américains servent déjà (en 1849) les intérêts des oligarques :

« L’armée permanente n’est que l’arme d’un gouvernement permanent. Le gouvernement lui-même — simple intermédiaire choisi par les gens pour exécuter leur volonté —, est également susceptible d’être abusé et perverti avant que les gens puissent agir par lui. Témoin en ce moment la guerre du Mexique, œuvre d’un groupe relativement restreint d’individus qui se servent du gouvernement permanent comme d’un outil ; car au départ, jamais les gens n’auraient consenti à cette entreprise. »

Mais Thoreau se fait peu d’illusions : les gens veulent du gouvernement et des interventions étatiques. Il explique :

« Le gouvernement n’a ni vitalité ni l’énergie d’un seul homme en vie, car un seul homme peut le plier à sa volonté. C’est une sorte de canon en bois que se donnent les gens. Mais il n’en est pas moins nécessaire, car il faut au peuple des machineries bien compliquées — n’importe lesquelles pourvu qu’elles pétaradent — afin de répondre à l’idée qu’il se fait du gouvernement. »

La crise actuelle a montré la formidable faiblesse du caractère humain (voyez mon émission sur Coronavirus et servitude volontaire) ; de cette faiblesse résulte la montée de la puissance étatique et donc militaire. Thoreau :

« Le résultat courant et naturel d’un respect indu pour la loi, c’est qu’on peut voir une file de militaires, colonel, capitaine, caporal et simples soldats, enfants de troupe et toute la clique, marchant au combat par monts et par vaux dans un ordre admirable contre leur gré, que dis-je? contre leur bon sens et contre leur conscience, ce qui rend cette marche fort âpre en vérité et éprouvante pour le cœur. »

61e6yArbKjL.jpg

Puis Thoreau devient terrible. L’homme moderne sert l’Etat comme une machine. Et là il règle ses comptes :

« La masse des hommes sert ainsi l’État, non point en humains, mais en machines avec leur corps. C’est eux l’armée permanente, et la milice, les geôliers, les gendarmes, la force publique, etc. La plupart du temps sans exercer du tout leur libre jugement ou leur sens moral ; au contraire, ils se ravalent au niveau du bois, de la terre et des pierres et on doit pouvoir fabriquer de ces automates qui rendront le même service. Ceux-là ne commandent pas plus le respect qu’un bonhomme de paille ou une motte de terre. Ils ont la même valeur marchande que des chevaux et des chiens. Et pourtant on les tient généralement pour de bons citoyens. »

Certes tout le monde est a priori hostile à la tyrannie :

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. Il n’en est guère pour dire que c’est le cas maintenant. »

Mais qui est pris à agir contre réellement ?

« Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme ; qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien ; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre-échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s’endorment sur les deux. »

Thoreau a observé en effet qu’on s’endort au milieu des news qui a cette époque arrivent par télégraphe. C’est dans Walden. Il aussi écrit que l’info est devenue un éther, une drogue (voyez mon texte « De Platon à Cnn »). Il établit une différence entre l’homme de vertu et le facile défenseur de la vertu :

« On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un « Dieu vous assiste » à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux. »

Cahier-Thoreau.jpg

Cela donne un résistant sur mille contre la dictature actuelle, et pas 10 ou 30% comme le croient les distraits. Nous sommes d’accord.

Thoreau vomit donc les tièdes comme les rédacteurs de l’apocalypse :

« Même voter pour ce qui est juste, ce n’est rien faire pour la justice. Cela revient à exprimer mollement votre désir qu’elle l’emporte. Un sage n’abandonne pas la justice aux caprices du hasard ; il ne souhaite pas non plus qu’elle l’emporte par le pouvoir d’une majorité. Il y a bien peu de vertu dans l’action des masses humaines. Lorsqu’à la longue la majorité votera pour l’abolition de l’esclavage, ce sera soit par indifférence à l’égard de l’esclavage, soit pour la raison qu’il ne restera plus d’esclavage à abolir par le vote. Ce seront eux, alors, les véritables esclaves. »

Il enfonce le clou :

« Ainsi, sous le nom d’Ordre et de Gouvernement Civique, nous sommes tous amenés à rendre hommage et allégeance à notre propre médiocrité. On rougit d’abord de son crime et puis on s’y habitue ; et le voilà qui d’immoral devient amoral et non sans usage dans la vie que nous nous sommes fabriquée. »

Comment résister ? Par exemple en ne payant pas ses impôts :

« Si un millier d’hommes devaient s’abstenir de payer leurs impôts cette année, ce ne serait pas une initiative aussi brutale et sanglante que celle qui consisterait à les régler, et à permettre ainsi à l’État de commettre des violences et de verser le sang innocent. Cela définit, en fait, une révolution pacifique, dans la mesure où pareille chose est possible. »

Cela serait bien en effet mais cela nous semble difficile à une époque où tout le monde, entrepreneurs compris, finit par vivre de l’Etat (c’est la logique du Reset et de la dictature numérique en cours d’achèvement) et de la dette publique.

Textes :

https://instituthommetotal.fr/bibliotheque/PDF/henry-david-thoreau-la-desobeissance-civile.pdf

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

https://www.dedefensa.org/article/guenon-et-le-rejet-des-...

jeudi, 13 mai 2021

Du retour de Malthus et du devoir de dépeuplement

472px-Thomas_Robert_Malthus.jpg

Du retour de Malthus et du devoir de dépeuplement

par Nicolas Bonnal

Marx a écrit de nombreux textes contre Malthus. Il sentait que la tendance lourde ou finale serait au malthusianisme qui est le propre des élites anglo-saxonnes (normandes plutôt). Ces élites éternellement sans pitié ont dépeuplé l’Ecosse, l’Irlande et aussi le pays de Galles, dépeuplé par les guerres et le charbon, et où fut tourné l’effrayant Prisonnier. Puis elles ont créé une Amérique vide de rares colons où furent massacrés les indiens et exploités les esclaves africains. L’explosion démographique européenne et le capitalisme industriel peuplèrent cette Amérique, mais le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie restèrent vides ; on sait que ces médiocres dominions appliquent à la lettre la dictature sanitaire, avec une conscience que seule peut leur envier la France à Macron ou l’Allemagne de Merkel, qui applique le plan Morgenthau presque à la lettre.

Marx explique surtout que pour Malthus il faut rendre la population surnuméraire. Elle ne l’est pas au départ, mais elle le devient. On fabrique un être humain bon à rien dans les mégalopoles et puis on le lui reproche ensuite. Nous sommes de trop et pour être de trop – et donc « exterminables » – il faut être sans travail, ce qui arrive partout maintenant. Complexé ou abruti, le surnuméraire humain se laisse effacer.

Woody_et_les_Robots.jpg

Comme je l’ai expliqué dans mon texte sur le Reset, nous avons été conditionnés par le cinéma pour crever, et ce depuis un demi-siècle.  Nous vivons une époque formidable qui relève en effet des bonnes dystopies des années 70. Je recommanderais ironiquement « Woody et les robots (Sleeper) »… En voyage dans les années 2200 dans une société néototalitaire, notre bon Woody trouve qu’elle ressemble à sa bonne vieille Californie sociétale. On n’y a aucune liberté, on n’y fait plus l’amour ni l’humour… Quant à ce qu’on y mange… On n’y voit pas d’enfants. On n’en voit jamais dans les films dystopiques. Car à quoi serviraient-ils en effet sinon à être mangés ? Kronos le mangeur d’enfants rime avec chronos le temps qui passe.

L’addiction technologique, les news, la théorie du genre, les migrations impromptues, le pullulement législateur (relisez Lao Tsé), l’ineptie fiscalité, le féminisme ultra, les éoliennes, la dinguerie écolo ou la mode hyper-végétarienne ont un seul but : la réduction du stock humain jugé pléthorique. Mais tout cela reste timide à côté du moyen définitif employé par nos grands-argentiers et usuriers : l’argent. 

Rien de neuf depuis Marx et Malthus, dira-t-on. 

Le coût de la vie devient fou en Occident et il est nié par les instituts de statistiques ; on sait évidemment pourquoi. Car la folie haussière voulue par les banquiers centraux et leurs séides a un effet collatéral – une conséquence objective bien visible: le dépeuplement. Il est trop cher de faire des enfants, de les élever, de les mettre au monde au sens noble du terme.

Mon ami Hervé avait traduit pour lesakerfrancophone.fr un texte étonnant de l’économiste hérétique Chris Hamilton. Et lui donne une info que taisait Michael Snyder dans ses chroniques sur les US décatis : la belle chute démographique.

2012-10-09-total_fertility_rate2-thumb.jpg

Et cela donne:

« De 2007 à 2018, les naissances aux États-Unis ont diminué de 470 000 sur une base annuelle, soit une baisse de 11 %. Le taux de fécondité aux États-Unis a également baissé, passant de 2,12 à 1,72 naissances, soit une baisse de 18 % (2,1 naissances chez les femmes en âge de procréer est considéré comme une croissance zéro). Cela s’est traduit par 4,5 millions de naissances nettes de moins aux États-Unis depuis 2007 que ce que le recensement avait estimé en 2000 et à nouveau en 2008. C’est plus d’une année entière de naissances qui n’ont jamais eu lieu. »

Chris donne les conséquences de cet effondrement forcé de la natalité :

« La forte baisse des naissances, par rapport à la hausse anticipée, et le ralentissement de l’immigration anticipée ont eu pour conséquence que le recensement a revu à la baisse la croissance de la population américaine jusqu’en 2050 de plus de 50 millions de personnes. »

Les détails arrivent chez notre économiste et accrochez-vous ? car ils sont effrayants et concernent toutes les races (même les gilets jaunes ?)…

« Le déclin des naissances aux États-Unis a été particulièrement marqué chez les personnes ayant les revenus et les actifs les plus faibles. De 2007 à 2016, les taux de fécondité des Amérindiens sont passés de 1,62 à 1,23. Le taux de natalité hispanique est passé de 2,85 à seulement 2,1. Le taux de natalité des Noirs est passé de 2,15 à environ 1,9 et celui des Blancs de 1,95 à 1,72 (mise à jour avec le rapport national des statistiques de l’état civil jusqu’en 2017 … Le taux de natalité des Hispaniques est tombé sous le seuil de remplacement à 2,006, celui des Noirs à 1,824 et celui des Blancs à 1,667). Encore une fois, ces taux de natalité ne sont valables que jusqu’en 2016, les baisses en 2017 et 2018 sont importantes et s’accélèrent. »

La natalité baisse ou s’effondre en Grèce en en France, en Espagne, en Italie, etc. Idem en Amérique du sud ou en Asie où le coût de la vie est prohibitif.

Hamilton explique la conspiration des Harpagon pour nous faire disparaître :

« La raison de la baisse rapide des taux de natalité depuis 2007 aux États-Unis et dans la plupart des pays du monde semble être les programmes actuels de ZIRP, les faibles taux d’intérêt et les programmes d’assouplissement quantitatif qui ont pour effet de gonfler les prix des actifs. »

fertility-rates-middle-east1.png

Observation-clé de notre hérétique :

« La majorité des actifs sont détenus par de grandes institutions et par des populations qui ne sont plus en âge de procréer. Ces politiques se traduisent par une hausse des prix des actifs beaucoup plus rapide que celle des revenus. Par exemple, les éléments non discrétionnaires comme la maison ; le loyer ; l’éducation ; les soins de santé ; les assurances ; la garde d’enfants, etc. augmentent en flèche par rapport aux salaires. »

A moins de bosser dans le foot ou comme gardiens-cadres-supérieurs du camp électronique-GAFA, les jeunes adultes sont sacrifiés, on le voit autour de nous.Serveur dans un café paumé ou ingénieur sous-payé dans une métropole surpeuplée ; je connais personnellement des dizaines de cas, tous d’anciens étudiants du reste. 

Hamilton écrit :

« Pour les jeunes adultes, cela signifie qu’ils comptent beaucoup plus sur l’endettement pour s’instruire et qu’une proportion beaucoup plus grande de leur revenu subséquent est consacrée au service de cette dette. Il en résulte aussi une plus grande dépendance des jeunes adultes à l’égard de l’endettement pour acheter une maison ou une plus grande partie de leur revenu pour payer leur loyer, fournir des soins de santé, s’assurer ou s’occuper de leurs enfants (puisque les deux parents travaillent généralement à temps plein). »

On liquide les stocks de population pauvre :

« Le résultat net de ces politiques du gouvernement fédéral et de la banque centrale visant à stimuler le marché boursier, le prix des maisons et l’effondrement des intérêts payés sur l’épargne est l’effondrement des taux de natalité et du total des naissances. Cela diminue la demande actuelle et future et la qualité de vie des jeunes, des pauvres, surtout des non-Blancs, ce qui représente peut-être le plus grand transfert de richesse que l’humanité ait connu. »

luna-le-premier-robot-domestique-abordable_c0164075565d2a43828423cdb8591d2bfc3bb01d.jpg

Le robot remplacera le philippin. La bourse monte comme ça, miraculeusement, indépendamment du chiffre d’affaires et des perspectives macroéconomiques. Les banques centrales suffisent à rassurer les marchés par leur comportement saligaud. Le super-Mario a bien mérité de son employeur Goldman Sachs. Par contre, si le marché n’a plus besoin de notre consommation, mais seulement de notre disparition ou de notre remplacement, faisons notre prière…

Et Chris de conclure pour nous éclairer :

« Ainsi, les États-Unis continuent le débat ridicule sur le « Mur de Trump » et les naissances internationales continuent de s’effondrer de Chine en Russie, en Europe, au Japon, en Corée du Sud, etc. Le coupable de la décélération des naissances est la « médecine » de la banque centrale et du gouvernement fédéral pour gaver le prix des actifs, détruisant l’avenir pour faciliter la vie des riches et des personnes âgées. Il en résulte un effondrement des taux de fécondité dans le monde entier […] ce qui fait que les gains financiers sont transférés à une minorité décroissante de détenteurs d’actifs et les pertes aux jeunes, aux pauvres et à ceux qui ont peu ou pas de biens. »

1290889226.jpg

C’est Gilles Chatelet que j’ai évoqué ici qui mêlait Hermès (la duperie de la communication typique de notre monde néototalitaire) et le vieux scélérat anglican. Car comme on citait Malthus et son irréprochable et inusable essai sur les populations :

« Un homme qui est né dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses  parents la subsistance qu’il peut justement leur demander et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit à la plus petite portion de nourriture et, en fait, il est de trop. Au grand banquet de la Nature, il n’a pas de couvert pour lui. »

Très juste donc, grand maître et inspirateur de nos socialos-néo-libéraux. A ceci près qu’aujourd’hui, non content d’interdire la table aux pauvres, on vire de table une partie de ceux qui étaient déjà assis. C’est même pour cela qu’on nous demande de voter… on verra si les exterminés réagiront…

Rappelons que les Harpagon qui dirigent le monde, les décisionnaires donc, sont des nonagénaires génocidaires. On a la famille d’Angleterre, le prince Charles, Schwab, Rockefeller, Soros, Rothschild, Gates (qui a 66 ans mais en paraît le double), des poignées de faces hideuses effritées qui n’ont qu’une seule obsession : liquider la jeunesse et dépeupler à coups de vaccins ou de privations.

 

mardi, 11 mai 2021

Vigny et la servitude militaire : propos atemporels sur la lettre des généraux

1200px-Félix_Nadar_1820-1910_Alfred_de_Vigny.jpg

Vigny et la servitude militaire: propos atemporels sur la lettre des généraux

par Nicolas Bonnal

La réaction des militaires est une bonne et intéressante chose. Renvoyons dos à dos le national-chauvinisme et le gauchisme écervelé, et soulignons en quoi cette réaction lettrée est importante : elle donne raison à Vigny et nous confirme dans notre présent éternel. Depuis 200 ans rien ne bouge en France : le peuple est cuit et cocu, la bourgeoisie et les banquiers sont tout-puissants et mondialistes, le nationalisme et le catholicisme sonnent creux. Alors on râle comme Céline.

Dans Servitude et grandeur militaire, texte magique que je mets au niveau de la conclusion des Mémoires d’outre-tombe,  on peut lire ceci sur nos militaires ennuyés après les épopées napoléoniennes (on en reparle) :

« Leur couronne est une couronne d’épines, et parmi ses pointes je ne pense pas qu’il en soit de plus douloureuse que celle de l’obéissance passive. »

unnamedAdVsgm.jpgVigny qui est jeune officier comprend aussi que les militaires seront toujours un peu ringards, un peu en retard : « …la vie ou du caractère militaire, qui, l’un et l’autre, je ne saurais trop le redire, sont en retard sur l’esprit général et la marche de la Nation, et sont, par conséquent, toujours empreints d’une certaine puérilité. »

Les militaires sont résignés (toujours ?) :

« Ce n’est pas sans dessein que j’ai essayé de tourner les regards de l’Armée vers cette GRANDEUR PASSIVE, qui repose toute dans l’abnégation et la résignation. »

Vigny rappelle le destin glorieux des militaires d’antan. Il souligne comme Tocqueville que la grande France est morte sous Louis XIV (et comme il a raison !) :

« Soumis à l’influence toute populaire du prêtre, il ne fit autre chose, durant le moyen âge, que de se dévouer corps et bien au pays, souvent en lutte contre la couronne, et sans cesse révolté contre une hiérarchie de pouvoirs qui eût amené trop d’abaissement dans l’obéissance, et, par conséquent, d’humiliation dans la profession des armes. Le régiment appartenait au colonel, la compagnie au capitaine, et l’un et l’autre savaient fort bien emmener leurs hommes quand leur conscience comme citoyens n’était pas d’accord avec les ordres qu’ils recevaient comme hommes de guerre. Cette indépendance de l’Armée dura en France jusqu’à M. de Louvois, qui, le premier, la soumit aux bureaux et la remit, pieds et poings liés, dans la main du Pouvoir souverain. »

Cette histoire d’uniformes m’évoque celle des masques ; combien ont refusé vraiment d’en porter ? Vous ? Moi ? Un sur mille ? Un sur un million ?

Et de donner ce bel exemple (l’inévitable vieux noble breton) :

« Ils haïssaient particulièrement l’uniforme, qui donne à tous le même aspect, et soumet les esprits à l’habit et non à l’homme. Ils se plaisaient à se vêtir de rouge les jours de combat, pour être mieux vus des leurs et mieux visés de l’ennemi ; et j’aime à rappeler, sur la foi de Mirabeau, ce vieux marquis de Coëtquen, qui, plutôt que de paraître en uniforme à la revue du Roi, se fit casser par lui à la tête de son régiment : «Heureusement, sire, que les morceaux me restent, »dit-il après. C’était quelque chose que de répondre ainsi à Louis XIV. »

Après Napoléon donc  l’armée piétine et devient fonctionnaire :

« L’Armée moderne, sitôt qu’elle cesse d’être en guerre, devient une sorte de gendarmerie. Elle se sent honteuse d’elle-même, et ne sait ni ce qu’elle fait ni ce qu’elle est ; elle se demande sans cesse si elle est esclave ou reine de l’État : ce corps cherche partout son âme et ne la trouve pas.

01b.jpg

L’homme soldé, le Soldat, est un pauvre glorieux, victime et bourreau, bouc émissaire journellement sacrifié à son peuple et pour son peuple qui se joue de lui; c’est un martyr féroce et humble tout ensemble, que se rejettent le Pouvoir et la Nation toujours en désaccord. »

Vigny souligne l’ennui : 

« La vie est triste, monotone, régulière. Les heures sonnées par le tambour sont aussi sourdes et aussi sombres que lui… La servitude militaire est lourde et inflexible comme le masque de fer du prisonnier sans nom, et donne à tout homme de guerre une figure uniforme et froide. Aussi, au seul aspect d’un corps d’armée, on s’aperçoit que l’ennui et le mécontentement sont les traits généraux du visage militaire. »

Obéir, obéir, obéir, tel est votre destin, militaires, fût-ce à des Macron, à des Hollande, à des Sarkozy et aux leaders américains de l’OTAN :

unnamedhuss.jpg

« La Grandeur guerrière, ou la beauté de la vie des armes, me semble être de deux sortes: il y a celle du commandement et celle de l’obéissance. L’une, tout extérieure, active, brillante, fière, égoïste, capricieuse, sera de jour en jour plus rare et moins désirée, à mesure que la civilisation deviendra plus pacifique ; l’autre, tout intérieure, passive, obscure, modeste, dévouée, persévérante, sera chaque jour plus honorée… »

On parle beaucoup de Napoléon ces temps-ci. Vigny aussi, et un peu plus intelligemment que les commentateurs câblés :

« C’est une chose merveilleuse que la quantité de petits et de grands tyrans qu’il a produits. Nous aimons les fanfarons à un point extrême et nous nous donnons à eux de si bon cœur que nous ne tardons pas à nous en mordre les doigts ensuite. La source de ce défaut est un grand besoin d’action et une grande paresse de réflexion. Il s’ensuit que nous aimons infiniment mieux nous donner corps et âme à celui qui se charge de penser pour nous et d’être responsable, quitte à rire après de nous et de lui. »

Le futur est au Gambetta, au Paul Reynaud, au Sarkozy :

« Bonaparte est un bon enfant, mais il est vraiment par trop charlatan. Je crains qu’il ne devienne fondateur parmi nous d’un nouveau genre de jonglerie… »

Vigny imagine une conversation entre le pape et Napoléon. Et le phénomène corse d’éructer contre le vieux pontife en des termes américains (« nous inventons la réalité » - voyez Karl Rove) :

« Mon théâtre, c’est le monde ; le rôle que j’y joue, c’est celui de maître et d’auteur ; pour comédiens j’ai vous tous, Pape, Rois, Peuples ! et le fil par lequel je vous remue, c’est la peur ! - Comédien ! Ah ! il faudrait être d’une autre taille que la vôtre pour m’oser applaudir ou siffler, signor Chiaramonti !Savez-vous bien que vous ne seriez qu’un pauvre curé, si je le voulais ? Vous et votre tiare, la France vous rirait au nez, si je ne gardais mon air sérieux en vous saluant. »

mg_7051-743x1024.jpg

La France avec Napoléon devient le pays de la pose militaire (René Girard en a bien parlé dans son livre sur Clausewitz) et cela va lui coûter de cher de 1870 à 1940 :

- « C’est vrai ! Tragédien ou Comédien. - Tout est rôle, tout est costume pour moi depuis longtemps et pour toujours. Quelle fatigue ! quelle petitesse ! Poser ! toujours poser ! de face pour ce parti, de profil pour celui-là, selon leur idée. Leur paraître ce qu’ils aiment que l’on soit, et deviner juste leurs rêves d’imbéciles. »

Dans le même temps Vigny pressent l’effondrement chrétien du pays (cela met du temps un effondrement, voyez Michelet sur cette question) :

« Cependant il secoua la tête avec tristesse, et je vis rouler de ses beaux yeux une larme qui glissa rapidement sur sa joue livide et desséchée. Elle me parut le dernier adieu du Christianisme mourant qui abandonnait la terre à l’égoïsme et au hasard. »

Vigny résume cette ennuyeuse époque bourgeoise (lisez ce qu’écrit Marx sur Malthus comme as du « dépeupler bourgeois » pour comprendre) :

« Les Grandeurs éblouissantes des conquérants sont peut-être éteintes pour toujours. Leur éclat passé s’affaiblit, je le répète, à mesure que s’accroît, dans les esprits, le dédain de la guerre, et, dans les cœurs, le dégoût de ses cruautés froides. Les Armées permanentes embarrassent leurs maîtres. »

Il ne reste comme chez Balzac que la consommation :

« Dans le naufrage universel des croyances, quels débris où se puissent rattacher encore les mains généreuses ? Hors l’amour du bien-être et du luxe d’un jour, rien ne se voit à la surface de l’abîme. On croirait que l’égoïsme a tout submergé ; ceux même qui cherchent à sauver les âmes et qui plongent avec courage se sentent prêts à être engloutis. »

Comme tous les vrais chrétiens (Drumont, Bloy, Bernanos), Vigny comprend les cathos bourgeois issus de la Révolution et du concordat mieux que personne :

« Les chefs des partis politiques prennent aujourd’hui le Catholicisme comme un mot d’ordre et un drapeau ; mais quelle foi ont-ils dans ses merveilles, et comment suivent-ils sa loi dans leur vie ? - Les artistes le mettent en lumière comme une précieuse médaille, et se plongent dans ses dogmes comme dans une source épique de poésie ; mais combien y en a-t-il qui se mettent à genoux dans l’église qu’ils décorent ? »

Mais remontons le moral des troupes – et pas du troupeau de la servitude volontaire. Que reste-t-il à nos soldats alors et aux rares rebelles de la France du coronavirus et du nouvel ordre mondial ? Oh, un mot pas très compliqué : l’honneur. 

Vigny : « Cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de l’HONNEUR. L’Honneur, c’est la conscience, mais la conscience exaltée. - C’est le respect de soi-même et de la beauté de sa vie portée jusqu’à la plus pure élévation et jusqu’à la passion la plus ardente. »

Le baroud d’honneur, comme on dit. On verra si nous en sommes capables, et si nous saurons pour une fois ne pas nous contenter d’un paraphe.

Sources :

https://www.dedefensa.org/article/balzac-et-la-prophetie-...

https://www.les4verites.com/international/chateaubriand-e...

https://www.dedefensa.org/article/comment-loccident-zombi...

https://www.amazon.fr/Louis-Ferdinand-C%C3%A9line-pacifis...

dimanche, 09 mai 2021

Nicolas Bonnal: Sur la comédie musicale

Age-or-comedie-musicale-quadri.jpg

Nicolas Bonnal: Sur la comédie musicale

Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

C’est d’abord un livre de couple écrit avec ma Tetyana, musicienne et traductrice, qui a découvert le sujet avec moi. Car c’est en effet un sujet que je connaissais mal, à part deux ou trois comédies légendaires et quelques numéros de claquette de Fred Astaire. Mais je savais qu’il y avait eu un âge d’or, comme on dit, une Amérique heureuse avant les années soixante (Kennedy, Vietnam, Amérique woke, pseudo-libération sexuelle, etc.). Or j’aime la nostalgie et le culte de la nostalgie est fort en Amérique, et depuis longtemps. Il s’éteindra avec le dernier petit blanc. On appelle ce cinéma nostalgique Americana (voyez ou découvrez Henry King), et il s’est illustré dans la comédie musicale. Voyez Belle de New York ou l’admirable Chanson du Missouri de Minnelli. C’est l’Amérique d’avant les guerres, l’armée, les impôts, la Fed et toutes horreurs. C’est le monde d’avant les guerres, d’avant la grande crise aussi. On y célèbre le progrès technique (chansons sur le trolley, sur les trains, etc.), on n’en a pas peur comme aujourd’hui. Voilà pour les raisons psychologiques.

51KI1TL3XfL._AC_SY445_.jpgEt quels films vous ont enchanté ?

Pour les raisons artistiques, j’ai découvert émerveillé vers quarante ans les Sept fiancées pour sept frères et Brigadoon, dont j’ai parlé dans mon livre sur le paganisme (Plutarque, l’Autre Monde, l’Ecosse mythique…). Et de fil en aiguille j’ai acheté et vu presque tous les films de cette belle époque du cinéma. Elle n’a duré que trente ans et en particulier, quinze de 1945 à 1960. Après c’est le déclin et la perte du goût. West Side Story signe la fin du rêve américain : conflits raciaux, conflits sexués (rien à voir avec la savoureuse guerre des sexes de Lubitsch ou Donen), criminalité et sottise massifiée. Il y a pléthore de films admirables et méconnus : le Pirate de Minnelli avec un Gene Kelly au mieux de sa forme. C’est un film sur l’hypnose dans une île coloniale espagnole.

Avec votre épouse, vous insistez beaucoup sur les onirismes, les symbolismes et toute une poésie qui semble décalée dans un spectacle grand public.

Tout cela n’était pas décalé à l’époque. On a Brigadoon, grand film onirique (changer de réalité et revenir aux temps anciens), on a Yolande et le voleur, film que nous adorons avec Tetyana et qui montre une Amérique du sud hispanique, idéale, chrétienne et fantaisiste. Les grands moments de Chantons sous la pluie avec Cyd Charisse relèvent du pur onirisme. On a Oz bien sûr et cela ouvre d’autres horizons : le totalitarisme que nous vivons aujourd’hui avec la technologie et les médias. Oz est une parabole sur le pouvoir et ses illusions. D’autres films évoquent le cauchemar comme les 5000 doigts du Dr T ou Chitty-Chitty Bang-Bang où un prince fou confine les enfants…Il y a aussi une belle présence de Leslie Caron dans le film Lily qui offre une belle méditation sur la réalité ontologique des marionnettes. Nous insistons aussi sur l’hypnose car il y a une séduction qui s’opère à partir du chant et de la danse : d’où mes références à la Bible et au Zarathoustra de Nietzsche.

71o5PdEDjlL._SL1425_.jpg

Vous aimez le côté caustique de la comédie musicale ?

Tout à fait ; il y a une critique marrante et constructive, un goût de la satire sociale dans la tradition de Molière ou d’Aristophane. Drôle de frimousse en met plein la gueule au parisien et au sartrien, à l’intello prétentieux (et le film se termine par une danse devant une chapelle !). C’est un spectacle pour jeunes qui aime se moquer des vieilleries et des icônes du jour, avec un Fred Astaire époustouflant qui frôle alors la soixantaine ! Les films de Donen sont plus critiques que ceux de Minnelli (encore que…). La Belle de Moscou avec Cyd et Fred  se moque des élites soviétiques qui vont trahir car elles veulent le confort ! Beau fixe sur New York aussi dénonce le rôle à venir de la télé qui détruit alors le cinéma classique hollywoodien et abrutit les masse avec la pub et le direct. Ici la critique de la télé est plus percutante que celle de Debord ou d’Adorno. Un américain à Paris aussi est très critique sur le monde de l’art, des riches, sur la déception dans la vie. Tout cela doit beaucoup au génie de Lerner, qui est mon scénariste préféré (My Fair Lady). Les Juifs ont été omniprésents dans cette affaire ; j’ai d’ailleurs insisté dans mon livre sur le génie juif sans qui la comédie musicale n’aurait pas existé. Découvrez le prodigieux chorégraphe Michael Kidd qui a réglé d’incomparables ballets, comme celui des frères et de leur fiancées dans la construction de la grange (événement mythique dans l’Amérique ou l’Europe rurale traditionnelle).

Vous insistez beaucoup sur la marine et la guerre…

Oui. 12 millions de mobilisés, des gars angoissés, des fiancées abandonnées, et la conquête du monde par la marine (cf. Spykman et la thalassocratie). Tout cela succède à la crise qui a permis de révéler le génie de Busby Berkeley et de l’extraordinaire, de la génialissime artiste portugaise Carmen Miranda qui triompha à Hollywood comme au Brésil. Cela donne des opus comme une Journée à New York de mon Donen ou l’incomparable Anchors aweigh (Escale à Hollywood) de Sidney. Sinatra, si beau et si charmant jeune, y chante avec le chef d’orchestre espagnol Iturbi, Gene Kelly y danse avec la souris animée Jerry et on a dans ce film géant de grands moments de musique classique ; la très belle Kathryn Grayson y est sublime. Même Hair finira par une évocation de la guerre du Vietnam, puisque l’empire ne se repose jamais et qu’il navigue toujours. Le symbolisme de la navigation est très présent dans le cinéma américain de l’époque : on succède aux Anglais et on prend le contrôle du monde avec le dollar, la cigarette et Rita Hayworth. Cette dernière est d’ailleurs très bonne chanteuse et danseuse, et pas que dans Gilda.

rita-hayworth-in-gilda.jpg

En un mot, qu’est-ce qui fait le génie de cette époque vernie du cinéma ?

L’amour. Comme on a dit à l’époque, c’est l’amour de la femme, de la vie, du pays, et de l’activité humaine ! Sans compter la danse et la musique et le technicolor ! Amen…

00:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, cinéma, état-unis, comédie musicale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 08 mai 2021

Coronavirus et Servitude Volontaire

71Pm+joKF7L.jpg

Café Noir N.22

Coronavirus et servitude volontaire

Avec Nicolas Bonnal

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du vendredi 7 mai 2021 avec Gilbert Dawed & Nicolas Bonnal.
 
 
RÉFÉRENCES
 
Si quelques Résistants… Coronavirus et Servitude Volontaire https://www.amazon.fr/quelques-resist...
 
Psychologie des foules et religion vaccinale Quelques citations du bon Dr Gustave Le Bon, dont les enseignements demeurent impeccables. https://voxnr.com/51315/psychologie-d...
 
LIVRES DE BONNAL CHEZ AVATAR EDITIONS
 
Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
Internet – La Nouvelle Voie Initiatique https://avatareditions.com/livre/inte...
Le Choc Macron – Fin des Libertés et Nouvelles Résistances https://avatareditions.com/livre/le-c... #cafenoiraef

jeudi, 06 mai 2021

Dépeuplement : Karl Marx et le devenir mongol de la globalisation

838_054_soc01096.jpg

Dépeuplement: Karl Marx et le devenir mongol de la globalisation

par Nicolas Bonnal

Devenues folles et incontestées par les cerveaux qu’elles contrôlent, les élites rêvent de nature vierge et de dépeuplement en se servant du prétexte écologique. Ce n’est pas la première fois. Guillaume le conquérant (inspirateur du Domesday book qui sonna l’heure du Reset et de la confiscation pour les braves paysans de l’Angleterre traditionnelle, voyez Robin des bois…) anéantit des dizaines de villages pour établir ses chasses. Les mongols rêvaient eux de créer un désert chinois (Grousset) et parlaient des populations à exterminer comme d’insectes. Et les nobles écossais ou spéculateurs londoniens chassèrent des dizaines de milliers de Gaëls de leurs Highlands pour créer ces réserves de chasse qui font rêver les plus riches et les ex-touristes trop romantiques. De même la Patagonie et les grands territoires britanniques volés (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) vont d’ici peu être encore plus vides qu’à l’accoutumée. C’est Hitler qui parle du devoir de dépeupler dans un livre célèbre et ce ne sont pas nos champions allemands, suisses (Ursula, Klaus, leur montagne magique) ou américains (Hitler donne dans Mein Kampf en exemple l’eugénisme US pratiqué par la dynastie Gates) qui iront le contredire.

Mais voyons comment Marx en parle, du dépeuplement. Car quand les élites ne sont plus contestées, voilà comment ça se passe, qu’elles soient bourgeoises ou féodales (on assiste aujourd’hui à une fusion des deux, voyez mes livres sur la Patagonie et sur Internet – les techno-lords)

Dans son magnifique et inépuisable développement sur les secrets de l’accumulation primitive Marx décrit l’expropriation de la population campagnarde dans la romantique Ecosse :

« George Ensor dit dans un livre publié en 1818 : les grands d'Écosse ont exproprié des familles comme ils feraient sarcler de mauvaises herbes; ils ont traité des villages et leurs habitants comme les Indiens ivres de vengeance traitent les bêtes féroces et leurs tanières. Un homme est vendu pour une toison de brebis, pour un gigot de mouton et pour moins encore... Lors de l'invasion de la Chine septentrionale, le grand conseil des Mongols discuta s'il ne fallait pas extirper du pays tous les habitants et le convertir en un vaste pâturage. Nombre de landlords écossais ont mis ce dessein à exécution dans leur propre pays, contre leurs propres compatriotes. »

A-tour-in-Scotland.jpg

Puis Marx évoque une duchesse de Sutherland, homonyme de l’infect Peter Sutherland, commissaire européen, Goldman Sachs et Bilderbergs. Ce diable d’homme fut élevé par les jésuites.

Marx donc :

« Mais à tout seigneur tout honneur. L'initiative la plus mongolique revient à la duchesse de Sutherland. Cette femme, dressée de bonne main, avait à peine pris les rênes de l'administration qu'elle résolut d'avoir recours aux grands moyens et de convertir en pâturage tout le comté, dont la population, grâce à des expériences analogues, mais faites sur une plus petite échelle, se trouvait déjà réduite au chiffre de quinze mille.

De 1814 à 1820, ces quinze mille individus, formant environ trois mille familles, furent systématiquement expulsés. Leurs villages furent détruits et brûlés, leurs champs convertis en pâturages. Des soldats anglais, commandés pour prêter main-forte, en vinrent aux prises avec les indigènes. Une vieille femme qui refusait d'abandonner sa hutte périt dans les flammes. C'est ainsi que la noble dame accapara 794.000 acres de terres qui appartenaient au clan de temps immémorial. »

Une fois qu’on a vidé (c’est le cas de le dire, dans la discothèque mondiale) tout le monde, une métamorphose a lieu :

« Enfin une dernière métamorphose s'accomplit. Une portion des terres converties en pâturages va être reconvertie en réserves de chasse.

5e63222aa6dda.image.jpg

On sait que l'Angleterre n'a plus de forêts sérieuses. Le gibier élevé dans les parcs des grands n'est qu'une sorte-de bétail domestique et constitutionnel, gras comme les aldermen de Londres. L'Écosse est donc forcément le dernier asile de la noble passion de la chasse. »

Grâce à la chasse pratiquée par nos grands monarques (Juan Carlos, le prince Philip, le Bernard des Pays-Bas, qui créa les monstrueux Bilderbergs…), on crée des espaces vierges :

« La conversion de leurs champs en pâturages... a chassé les Gaëls vers des terres moins fertiles; maintenant que le gibier fauve commence à remplacer le mouton, leur misère devient plus écrasante... Ce genre de forêts improvisées et le peuple ne peuvent point exister côte à côte; il faut que l'un des deux cède la place à l'autre. Qu'on laisse croître le chiffre et l'étendue des réserves de chasse dans le prochain quart de siècle comme cela s'est fait dans le dernier, et l'on ne trouvera plus un seul Gaël sur sa terre natale. D'un côté cette dévastation artificielle des Highlands est une affaire de mode qui flatte l'orgueil aristocratique des landlords et leur passion pour la chasse, mais de l’autre, ils se livrent au commerce du gibier dans un but exclusivement mercantile. Il n'y a pas de doute que souvent un espace de pays montagneux rapporte bien moins comme pacage que comme réserve de chasse... »

En plein dix-neuvième, rappelle Marx, on retrouve la pire barbarie féodale :

«  L'amateur à la recherche d'une chasse ne met, en général, d'autre limite à ses offres que la longueur de sa bourse1080... Les Highlands ont subi des souffrances tout aussi cruelles que celles dont la politique des rois normands a frappé l'Angleterre. Les bêtes fauves ont eu le champ de plus en plus libre, tandis que les hommes ont été refoulés dans un cercle de plus en plus étroit... Le peuple s'est vu ravir toutes ses libertés l'une après l'autre... Aux yeux des landlords, c'est un principe fixe, une nécessité agronomique que de purger le sol de ses indigènes, comme l'on extirpe arbres et broussailles dans les contrées sauvages de l'Amérique ou de l'Australie, et l'opération va son train tout tranquillement et régulièrement. »

48726471606_d74978c0fd_b.jpg

Purger le sol des indigènes, cela ne vous rappelle rien ?

Marx cite ensuite un auteur oublié :

« Vingt ans après, cet état de choses avait bien empiré, comme le constate entre autres le professeur Leone Levi dans un discours, prononcé en avril 1866, devant la Société des Arts. « Dépeupler le pays, dit-il, et convertir les terres arables en pacages, c'était en premier lieu le moyen le plus commode d'avoir des revenus sans avoir de frais... Bientôt la substitution des deer forests aux pacages devint un événement ordinaire dans les Highlands. »

Le mouton chasse l’homme, puis le daim (j’allais ire le vaccin !) le mouton.

« Le daim en chassa le mouton comme le mouton en avait jadis chassé l'homme... En partant des domaines du comte de Dalhousie dans le Foriarshire, on peut monter jusqu'à ceux de John O'Groats sans jamais quitter les prétendues forêts. Le renard, le chat sauvage, la martre, le putois, la fouine, la belette et le lièvre des Alpes s'y sont naturalisée il y a longtemps; le lapin ordinaire, l'écureuil et le rat en ont récemment trouvé le chemin.

2484033_d7077708.jpg

D'énormes districts, qui figuraient dans la statistique de l'Ecosse comme des prairies d'une fertilité et d'une étendue exceptionnelles, sont maintenant rigoureusement exclus de toute sorte de culture et d'amélioration et consacrés aux plaisirs d'une poignée de chasseurs, et cela ne dure que quelques mois de l'année. »

Une belle phrase de Marx :

« Les instincts féodaux se donnent libre carrière aujourd’hui comme au temps où le conquérant normand détruisait trente-six villages pour créer la Forêt Nouvelle (New Forest)... »

En Patagonie une dizaine d’estancias appartenant aux Soros, Benetton, Lewis, Turner, etc. couvrent un territoire composé marginalement de villes surpeuplées, mal équipées et confinées. Ici les indiens furent exterminés comme au nord du continent par privation de viande (phoques et éléphants de mer). Les survivants furent éliminés, leurs oreilles coupées et sélectionnées à Londres.

Marx conclut – et cette conclusion vaut une méditation :

« La spoliation des biens d'église, l'aliénation frauduleuse des domaines de l'État, le pillage des terrains communaux, la transformation usurpatrice et terroriste de la propriété féodale ou même patriarcale en propriété moderne privée, la guerre aux chaumières, voilà les procédés idylliques de l'accumulation primitive. Ils ont conquis la terre à l'agriculture capitaliste, incorporé le sol au capital et livré à l'industrie des villes les bras dociles d'un prolétariat sans feu ni lieu. »

Retenez bien ce groupe nominal, lecteur, car que vous veniez d’Afrique, d’Asie, de France ou de Navarre, il explique notre inertie actuelle de prolétarisés : « les bras dociles d'un prolétariat sans feu ni lieu. »

Ce serait le temps de rappeler mes textes sur Ibn Khaldun qui explique comment le rat des villes se laisse aisément circonvenir et soumettre par une autorité supérieure. Et on rappellera que même ces grands pays anglo-saxons ont une population urbaine docile et très concentrée. Dans l’énorme Australie, 80% de la population vit…dans cinq villes. Pour le reste la désindustrialisation rapide et imposée a créé une population servile (de services) peu encline à la contestation ; et comme la techno-addiction remplacé l’agonisante religion comme opium du peuple…

Sources & lectures complémentaires:

http://www.dedefensa.org/article/ibn-khaldun-et-le-modele...

https://www.dedefensa.org/article/sir-john-glubb-et-la-de...

http://classiques.uqac.ca/classiques/Marx_karl/capital/ca...

https://www.amazon.fr/INTERNET-SECRETS-MONDIALISATION-Nic...

https://www.amazon.fr/BATAILLE-CHAMPS-PATAGONIQUES-Roman-...

 

 

 

00:32 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, karl marx, dépeuplement | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 26 avril 2021

Psychologie des foules et religion vaccinale (selon le Dr Gustave Le Bon)

ob_61f9fd_psychologie-des-foules-gustave-le-bon.jpg

Psychologie des foules et religion vaccinale (selon le Dr Gustave Le Bon)

par Nicolas Bonnal

Le virus et la peur induite vont nous réduire en esclavage et pire encore. Autant comprendre pourquoi nous allons crever alors, et toute l’histoire de la douce aliénation humaine en même temps. Relisons la Psychologie des foules qui, avec sa simplicité et son évidence, a inspiré les fascistes et les bolchévistes, bourreaux qui étaient à bien des égards plus nobles que nos tyrans milliardaires et démocrates du jour. Mais on a les tyrans et les malthusiens exterminateurs que l’on mérite.

Revenons-en à la légendaire psychologie des foules alors. Gustave Le Bon est éternel, un peu comme le Tolstoï de Guerre et paix dont a parlé Alain, certes à un niveau moins élevé, mais bien utile quand même. Lisez chez nos amis québécois (classiques.uqac.ca) Psychologie  du socialisme pour comprendre la mentalité écolo-gauchiste américaine ou française, et puis vous comprendrez.

psychologie-des-foules-22.jpg

Mais voyons le Covid, les vaccins, le confinement, en attendant reset, paupérisation et dépopulation. Tout cela se fait comme à la parade. Et Le Bon d’expliquer en 1889 que malheureusement les humains adorent cela, être fanatisés pour des stupidités. Les humains sont devenus une seule foule, depuis que la télé a remplacé le séparé (Debord).  Technique pour fabriquer la foule qui obtempère alors ?

Pour Gustave Le Bon il y a une première clé, l’affirmation :

« L'affirmation pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, est un des plus sûrs moyens de faire pénétrer une idée dans l'esprit des foules. Plus l'affirmation est concise, plus elle est dépourvue de toute apparence de preuves et de démonstration, plus elle a d'autorité. »

Affirmation ? Le virus tue, vous allez crever ; confinez-vous, vaccinez-vous, restez masqués à hauteur de six milliards d’imbéciles. On a un quart de vaccinés en France en trois mois, un milliard à l’échelle du monde. Et cela ne fait que commencer. Où je vis on ne dit plus bonjour, on te demande si tu es vacciné.

Avec l’affirmation, la répétition: et avec les six mille chaînes info ce n’est pas cela qui manque donc: vaccinez-vous, confinez-vous, restez masqués, crevez de peur.

« L'affirmation n'a cependant d'influence réelle qu'à la condition d'être constamment répétée, et, le plus possible, dans les mêmes termes. C'est Napoléon, je crois, qui a dit qu'il n'y a qu'une seule figure sérieuse de rhétorique, la répétition. La chose affirmée arrive, par la répétition, à s'établir dans les esprits au point qu'ils finissent par l'accepter comme une vérité démontrée. »

On répète car c’est trop beau: « il n'y a qu'une seule figure sérieuse de rhétorique, la répétition. »

$_84.JPGEnsuite, et c’est trop drôle, cette répétition de l’information produite ce que le maître de l’honorable Sigmund Freud appelle la contagion :

« Lorsqu'une affirmation a été suffisamment répétée, et qu'il y a unanimité dans la répétition, comme cela est arrivé pour certaines entreprises financières célèbres assez riches pour acheter tous les concours, il se forme ce qu'on appelle un courant d'opinion et le puissant mécanisme de la contagion intervient. Dans les foules, les idées, les sentiments, les émotions, les croyances possèdent un pouvoir contagieux aussi intense que celui des microbes. »

On n’avait pas la télé on avait le cabaret, lieu d’abrutissement des masses dont a très bien parlé Mirbeau (voyez L-628) ;

« C'est surtout par le mécanisme de la contagion, jamais par celui du raisonnement, que se propagent les opinions et les croyances des foules. C'est au cabaret, par affirmation, répétition et contagion que s'établissent les conceptions actuelles des ouvriers… »

Mais avançons plus au cœur des ténèbres du monde moderne, à la manière de Conrad et de son Walter Kurz. Le Bon a compris aussi que les couches supérieures vont être gangrénées, vont devenir gauchistes et communistes (puis écologistes, puis covidistes) comme la base. Et cela donne :

« On remarquera que, dans les exemples analogues à ceux que je viens de citer, la contagion, après s'être exercée dans les couches populaires, passe ensuite aux couches supérieures de la société. C'est ce que nous voyons de nos jours pour les doctrines socialistes, qui commencent à gagner ceux qui pourtant sont marqués pour en devenir les premières victimes. »

Oui, aujourd’hui tout le monde aussi veut mourir, à commencer par le petit blanc qui pollue trop. Il en devient extatique, au sens célinien, tout à sa rage de mourir. Si la guerre contre la Russie ne se fait pas, ce sera le Reset. Viva la muerte.

Après, Le Bon rappelle que certains êtres (mais n’est pas Napoléon qui veut) et surtout certaines idées acquièrent du prestige :

« Ce qui contribue surtout à donner aux idées propagées par l'affirmation, la répétition et la contagion, une puissance très grande, c'est qu'elles finissent par acquérir le pouvoir mystérieux nommé prestige. »

Je répète, le prestige n’est pas forcément une personne ; ce peut être un vaccin :

« Le prestige est en réalité une sorte de domination qu'exerce sur notre esprit un individu, une œuvre, ou une idée. Cette domination paralyse toutes nos facultés critiques et remplit notre âme d'étonnement et de respect. »

imglb.jpgIl y a bien sûr comme aux temps de Molière les prestigieux institutionnels :

« Le prestige acquis, ou artificiel, est de beaucoup le plus répandu. Par le fait seul qu'un individu occupe une certaine position, possède une certaine fortune, est affublé de certains titres, il a du prestige, quelque nulle que puisse être sa valeur personnelle. Un militaire en uniforme, un magistrat en robe rouge ont toujours du prestige. »

Le bon Dr Le Bon en oublie les médecins ! Mais à part Molière qui lui jettera la pierre et sa maladie ?

Il précise sa pensée : 

« Le prestige dont je viens de parler est celui qu'exercent les personnes ; on peut placer à côté le prestige qu'exercent les opinions, les œuvres littéraires ou artistiques, etc. Ce n'est le plus souvent que de la répétition accumulée. L'histoire, l'histoire littéraire et artistique surtout, n'étant que la répétition des mêmes jugements que personne n'essaie de contrôler, chacun finit par répéter ce qu'il a appris à l'école, et il y a des noms et des choses auxquels nul n'oserait toucher. »

Cela rappelle la phrase géniale de son contemporain Léon Bloy : le jeune bourgeois qui aurait douté des ténèbres du moyen âge n’aurait pas trouvé à se marier ! C’est dans son exégèse.

Tout bourgeois devra être vacciné, masqué et confiné pour se marier !

Le Bon ajoute sur ce satané prestige :

« Le propre du prestige est d'empêcher de voir les choses telles qu'elles sont et de paralyser tous nos jugements. Les foules toujours, les individus le plus souvent, ont besoin, sur tous les sujets, d'opinions toutes faites. Le succès de ces opinions est indépendant de la part de vérité ou d'erreur qu'elles contiennent; il dépend uniquement de leur prestige… »

Mais ne négligeons pas le prestige humain. On sait qu’aujourd’hui les hommes les plus populaires sont les plus riches (Gates, Arnault, Bezos, Musk, Zuckerberg). Le Bon évoque le lien du prestige et du succès (Bourla, Bancel, etc.) :

« On voit, par ce qui précède, que bien des facteurs peuvent entrer dans la genèse du prestige : un des plus importants fut toujours le succès. Tout homme qui réussit, toute idée qui s'impose, cessent par ce fait même d'être contestée. La preuve que le succès est une des bases principales du prestige, c'est que ce dernier disparaît presque toujours avec lui. »

Avec cette bourse qui monte plus haut que ce ciel gris et couvert de poussière, dont a parlé Philip K. Dick, on ne va pas mettre fin à leur prestige, à nos doctes vaccinateurs et experts en grand reset !

Et le pire est que pour Le Bon l’humanité n’est pas bête au sens de Flaubert. Elle est comme ça, c’est tout.

Mais comme je citais Flaubert : « L'humanité a la rage de l'abaissement moral, et je lui en veux de ce que je fais partie d'elle. »

Sources :

Gustave Le Bon – Psychologie des foules (classiques.Uqac.ca)

samedi, 13 mars 2021

Goethe et la dévitalisation des Européens

Kolbe_Goetheporträt@Goethe-Museum_Frankfurt_a.M.20170819.jpg

Goethe et la dévitalisation des Européens

par Nicolas Bonnal

Nous avons vu que Goethe pressent le grand déclin du monde dans ses Entretiens avec Eckermann. Concrètement nous allons rappeler qu’il pressent aussi le déclin physique hommes du continent, lié à son développement industriel. Bien avant Nietzsche ou Carrel, l’auteur de Werther, qui aspirait à un idéal classique européen, pressent cet affaissement. Et comme Rousseau, mais à sa manière, Goethe rejette le monde occidental et sa civilisation préfabriquée. Nous sommes en 1828 :

« Du reste, nous autres Européens, tout ce qui nous entoure est, plus ou moins, parfaitement mauvais ; toutes les relations sont beaucoup trop artificielles, trop compliquées ; notre nourriture, notre manière de vivre, tout est contre la vraie nature ; dans notre commerce social, il n’y a ni vraie affection, ni bienveillance. Tout le monde est plein de finesse, de politesse, mais personne n’a le courage d’être naïf, simple et sincère ; aussi un être honnête, dont la manière de penser et d’agir est conforme à la nature, se trouve dans une très-mauvaise situation. On souhaiterait souvent d’être né dans les îles de la mer du Sud, chez les hommes que l’on appelle sauvages, pour sentir un peu une fois la vraie nature humaine, sans arrière-goût de fausseté. »

9782070712434_1_75.jpgD’un coup le grand homme olympien se sent neurasthénique :

« Quand, dans un mauvais jour, on se pénètre bien de la misère de notre temps, il semble que le monde soit mûr pour le jugement dernier. Et le mal s’augmente de génération en génération ! Car ce n’est pas assez que nous ayons à souffrir des péchés de nos pères, nous léguons à nos descendants ceux que nous avons hérites, augmentés de ceux que nous avons ajoutés. »

Mais Eckermann tente de le rasséréner. On n’est qu’au début du dix-neuvième siècle, au sortir des meurtrières guerres napoléoniennes qui ont fait s’effondrer la taille du soldat français (quatre pouces, dira Madison Grant en reprenant les études de Vacher de Lapouge) :

« — J’ai souvent des pensées de ce genre dans l’esprit, dis-je, mais si je viens à voir passer à cheval un régiment de dragons allemands, en considérant la beauté et la force de ces jeunes gens, je me sens un peu consolé et je me dis : l’avenir de l’humanité n’est pas encore si menacé ! »

Car Schmitt dans son grand et beau texte sur le partisan souligne le fondement : il faut garder son caractère tellurique ; c’est en effet la clé pour tromper d’un ennemi surpuissant. A l’heure où nous sommes dévitalisés par les confinements et notre addiction à la technologie, cette leçon est de toute manière bien oubliée.

Goethe fait confiance bien sûr à la solide classe paysanne qui sera exterminée par les guerres mondiales, le communisme puis par la politique agricole commune européenne :

« — Notre population des campagnes, en effet, répondit Goethe, s’est toujours conservée vigoureuse, et il faut espérer que pendant longtemps encore elle sera en état non-seulement de nous fournir de solides cavaliers, mais aussi de nous préserver d’une chute et d’une décadence absolues. Elle est comme un dépôt où viennent sans cesse se refaire et se retremper les forces alanguies de l’humanité. Mais allez dans nos grandes villes, et vous aurez une autre impression. Causez avec un nouveau Diable boiteux, ou liez-vous avec un médecin ayant une clientèle considérable, il vous racontera tout bas des histoires qui vous feront tressaillir en vous montrant de quelles misères, de quelles infirmités souffrent la nature humaine et la société. »

Schaper_Goethe_1880,_Statue.jpg

Le coût encore du divin Napoléon ? Eckermann en parle :

Je me rappelle aussi avoir vu sous Napoléon un bataillon d’infanterie française qui était composé uniquement de Parisiens, et c’étaient tous des hommes si petits et si grêles qu’on ne concevait guère ce qu’on voulait faire avec eux à la guerre. »

« Les montagnards écossais du duc de Wellington devaient paraître d’autres héros, dit Goethe. »

« — Je les ai vus à Bruxelles un an avant la bataille de Waterloo. C’étaient en réalité de beaux hommes ! Tous forts, frais, vifs, comme si Dieu lui-même les avait créés les premiers de leur race. — Ils portaient tous leur tête avec tant d’aisance et de bonne humeur, et s’avançaient si légèrement avec leurs vigoureuses cuisses nues, qu’il semblait que pour eux il n’y avait pas eu de péché originel, et que leurs aïeux n’avaient jamais connu les infirmités. »

Tout de même cette époque – le début du dix-neuvième siècle donc -  est encore féconde en beaux hommes (voir Custine époustouflé par les russes). Et Goethe se lance dans un beau développement sur le gentleman anglais façon Jane Austen qui alors fascine l’Europe et le monde. On se rappelle du somptueux Wellington de Bondartchuk dans le film Waterloo et on laisse Goethe parler :

depositphotos_61040693-stock-photo-statue-of-goethe-in-frankfurt.jpg

« — C’est un fait singulier, dit Goethe. Cela tient-il à la race ou au sol, ou à la liberté de la constitution politique, ou à leur éducation saine, je ne sais, mais il y a dans les Anglais quelque chose que la plupart des autres hommes n’ont pas. Ici, à Weimar, nous n’en voyons qu’une très-petite fraction, et ce ne sont sans doute pas le moins du monde les meilleurs d’entre eux, et cependant comme ce sont tous de beaux hommes, et solides ! Quelque jeunes qu’ils arrivent ici en Allemagne, à dix-sept ans déjà, ils ne se sentent pas hors de chez eux et embarrassés en vivant à l’étranger ; au contraire, leur manière de se présenter et de se conduire dans la société est si remplie d’assurance et si aisée que l’on croirait qu’ils sont partout les maîtres et que le monde entier leur appartient. C’est bien là aussi ce qui plaît à nos femmes, et voilà pourquoi ils font tant de ravages dans le cœur de nos jeunes dames. »

Les âges d’or ou les grands moments n’ont qu’un temps. On ne comparera pas les massacrés des tranchées aux marcheurs de Moscou.

Sources :

Conversations avec Eckermann. 1828 (Wikisource.org).

vendredi, 12 mars 2021

«Pas dans un boum, dans un murmure»: notes sur notre petite apocalypse

1313767601_kill_bill_wallpaper__whimper_by_mutant1618-d415qjx.jpg

«Pas dans un boum, dans un murmure»: notes sur notre petite apocalypse

par Nicolas Bonnal

Tout semble s’imposer, le marquage électronique,  les vaccins, le test partout, le passage au communisme sacerdotal (Abellio), le wokenisme démoniaque, la chienlit morale et LGBTQ à la télé, l’antiracisme-fascisme en roue libre, etc. D’un autre côté ici et là on nous ressort jusqu’à la nausée la phrase de Hölderlin, que Jean Baudrillard citait il y a déjà trente ans au sortir de l’abominable guerre du Golfe : « là où croît le danger là aussi croît ce qui sauve ». C’est dans le poème Patmos.

On va voir. La résistance n’existe pas, comme je l’ai dit, elle a été fluidifiée par les réseaux, les râleurs se contenant de cliquer, pas de résister ou de manifester comme on disait jadis. La perte de la capacité tellurique c’est la fin de la résistance, merde, lisez/appliquez Carl Schmitt pour une fois.

L’épuration de Trump et du reste se passe sans un murmure dans la salle. Le système avance rapidement et impeccablement ses pions et comme dit l’abject Figaro on va pouvoir tester les gens à l’entrée des autoroutes avec le test QR ou je ne sais quoi. On leur souhaite du plaisir aux gens, car à force de se gaver de télé, de radio, de hamburgers, ils vont mal finir. Mais s’en préoccupent-ils les gens ?  Ne sont-ils pas déjà morts ? Les films de zombie sont vieux de deux générations déjà.

A côté de cela on veut nous rassurer. Tout cela est inapplicable, le Français résiste, il ne se ferait pas vacciner… Mais le système a tout son temps (2030 date-butoir et regardez leurs progrès en un an) et je me souviens dans mon enfance pour la bagnole. Il y avait beaucoup de morts mais c’était aussi l’âge d’or de l’automobile et de la liberté sur les routes. Alors on a sévi comme pour chasser un virus (et l’acerbe Sarkozy a remis ça dès son arrivée au pouvoir). Limitation de vitesse, test d’alcoolémie, port de la ceinture de sécurité, multiplication aberrante des ronds-points, ils ont réussi à tout imposer nos bureaucrates et nos mondialistes et c’était pour notre bien, pour notre sécurité. Ici aussi c’est pour notre bien, pour notre sécurité. Et j’en arrive à me demander : tout cela ne démontre-t-il pas que l’humanité n’est qu’un troupeau d’esclaves ? Sous prétexte de voter (et où ne va-t-on pas voter ?), on se croit en démocratie et on se comporte comme des cloportes ou bien des bœufs à l’abattoir. Revoyez le sang de bêtes de Franju. On a un mouton traître nommé le miniard qui amène les comparses à l’égorgeoir, qu’on maintient en vie et qui sert à chaque fois pour conduire le troupeau bêlant  et opinant de Panurge.

kamala-biden-astrology-1605292993.png

Passons au positif, car on va me reprocher de casser le moral des troupes.

Celui qui nous rassurerait c’est Biden qui a l’air bien gâteux, et sa Kamala qui est nulle comme un rat. Cette paire d’as a été élue en trichant sans une seule réaction (sinon la prise arrangée du Capitole qui a permis de virer Trump plus vite et d’accélérer le totalitarisme mondialiste – oui, c’est à cela que sert la résistance, gare au prochain attentat false flag !) et avec l’approbation de toute la canaille globale devenue folle ; car notre absence de résistance produit leur ubris. Mais on sait très bien que Biden peut dégager et qu’on peut caser une autre marionnette ; au point où en sont arrivés les journaux globaux (le NYT, le Monde, le Guardian, El Pais, etc.) ce n’est pas cela qui gênera l’opinion publique, chienne prête à toutes les prostitutions depuis des siècles (colonisations, guerres mondiales, mondialisation, totalitarismes, légalisation de toutes les perversions et en conséquence interdiction de toutes les libertés). Certains voient une possibilité de défaite militaire contre l’Iran, la Russie ou la Chine (mais on nous dit aussi qu’elle fait partie du N.O.M., cette Chine, que Biden est son homme ?). On verra, mais là encore je fais confiance aux généraux américains décrits par Kubrick : on finira au nucléaire puisque l’équipement US n’est plus à la hauteur face aux progrès des trois grands de l’opposition officielle (Iran, Russie, Chine donc). Certains donc disent que ce serait mieux une bataille et donc une défaite US, et un écroulement du satanisme occidental, mais encore faudrait-il en sortir vivants !

On a envie de prier la providence mais vu ce que sont devenus le Vatican et le catholicisme dit romain ? On ne va pas prier les dieux du Capitole tout de même ? Je constate d’ailleurs de plus en plus de recours chez les antisystèmes à l’increvable apocalypse, aux êtres de lumière, à l’attirail New Age, au zen emballé sous vide, comme disait Guy Debord. Lui voyait la liberté dans la lutte politique et sociale et pas dans les interventions divines toujours longues à se produire et chères à rembourser… Le clergé, le parti…

MV5BZWQxZDIzNzUtZGE3MS00MGU3LTk5NjMtZGFjMDljNDlmMWE1XkEyXkFqcGdeQXVyNzc5MjA3OA@@._V1_.jpg

En réalité je ne sais plus quoi écrire depuis quelques mois maintenant : tout est programmé pour nous faire vivre puis crever, par des satanistes et par l’inertie de milliards d’abrutis et de zombis peaufinés à la télé et au portable (voyez le film de Jarmusch, The Dead don’t die, qui le montre très bien).

Comme le montre Lucien Cerise le contrôle technologique trop tatillon ne marchera pas (il est trop fou et ils ne sont plus si bons, ils en restent à l’éternelle peur du gendarme comme au temps de de Funès et des pieds nickelés), mais c’est peut-être ce qui est voulu, pour que les survivalistes de Davos et les techno-lords de la Silicon Valley (voyez mon Internet nouvelle voie) soient contents. Le film Idiocracy, écrit par un des Coen, le montre finalement. Une humanité de fauchés, d’abrutis, d’affreux sales et méchants subsiste dans des ruines affreuses sorties des romans de Dick. Mais elle n’a pas l’air mécontent ! Et si finalement Klaus Schwab avait raison : si dans dix ans, les survivants abrutis étaient contents, les rares mécontents (tous vieux) s’étant suicidés ?

Last scene of all (dit Shakespeare), la situation en Israël, pays-phare des religions abrahamiques. Elle m’évoque l’apocalypse décrite par T.S. Eliot, texte lu à la fin d’Apocalypse now : c’est ainsi que le monde se termine, pas dans un boum, dans un murmure (not in a bang but a whimper). Quelle punition pour tant d’orgueil…

 

mardi, 02 mars 2021

Goethe et la destruction des peuples par leurs historiens et leurs savants

Goethe.png

Goethe et la destruction des peuples par leurs historiens et leurs savants

par Nicolas Bonnal

L’effondrement du caractère des peuples modernes et démocratiques accompagnent en ce moment la rapidité de leur extermination – ou de leur mise au pas terminale, si on veut rester euphémique ou  optimiste. Mais cette mise au pas, dont Bernanos ne cesse de parler dans sa France contre les robots (il compare les rébellions médiévales et la Fronde à l’adoration ordinaire des dictatures au vingtième siècle), est ancienne. Et à l’heure ou de jeunes crétins nationalistes et soi-disant rebelles tentent de servir de supplétifs à la police pour veiller sur nos frontières à coups de drone, il est temps de revenir sur l’ancienneté de cette mise au pas des peuples d’occident qui sont passé des siècles du christianisme et de la chevalerie à ceux du nazisme, du fascisme, de l’américanisme, du mondialisme et du communisme à outrance. J’en reviens à de grands classiques donc pour la énième fois, histoire de tenter d’expliquer pourquoi nous sommes des veaux (des animaux de boucherie dit Jünger dans son Traité du rebelle), des esclaves et des cafards soumis à Schwab et à son plan d’extermination globale, lui-même précédé par un plan de soumission incroyable, préparé par des décennies (des décennies ou de siècles ?) d’abrutissement médiatique et technoscientifique.

unnamedGE.jpgJe commencerai par Goethe. Conversation avec Eckermann (11828) :

« Ce soir j’ai trouvé Goethe dans de très-hautes pensées, et j’ai recueilli mainte grande parole. Nous avons causé sur l’état de la littérature contemporaine, et Goethe a dit : « Le manque de caractère dans tous les individus qui font des recherches et qui écrivent, voilà la source du mal pour notre littérature contemporaine. C’est surtout dans la critique que ce manque de caractère a des résultats fâcheux pour le monde, car on répand ainsi l’erreur pour la vérité, ou par une vérité misérable on en anéantit une grande qui nous rendrait service. Jusqu’à présent le monde croyait à l’âme héroïque d’une Lucrèce, d’un Mucius Scevola et par eux il se laissait enflammer, enthousiasmer. Aujourd’hui la critique historique arrive pour nous dire que ces personnages n’ont jamais vécu, et qu’il faut les regarder comme des fictions et des fables, poésies sorties de la grande âme des Romains. Que voulez-vous faire d’une vérité aussi misérable ! Si les Romains étaient assez grands pour inventer de pareilles poésies ; nous devrions au moins être assez grands pour les croire vraies. »

Tout cela est très juste : l’exaltation historique et la poésie ont été remplacées par une approche froide et soi-disant objective de la réalité qui a créé des peuples veules et soumis. Attention toutefois à la mythologie artificielle, façon ersatz napoléonien qui a préparé l’esprit à nos guerres d’extermination moderne, et dont René Girard a bien parlé. Goethe ajoute :

 « Jusqu’à présent je faisais ma joie d’un grand événement du treizième siècle. Lorsque l’empereur Frédéric II était en lutte avec le pape et que tout le nord de l’Allemagne était exposé sans défense à une attaque, on vit pénétrer dans l’empire des hordes asiatiques ; déjà elles étaient en Silésie, mais arrive le duc de Liegnitz, et par une grande défaite, il les terrifie. Ils se tournent alors vers la Moravie ; là, c’est le comte Sternberg qui les écrase. Ces braves m’apparaissaient donc jusqu’alors comme deux grands sauveurs de la nation allemande. Arrive la critique historique pour dire que ces héros se sont sacrifiés fort inutilement, car la horde asiatique était déjà rappelée et elle se serait retirée d’elle-même. Voilà maintenant un grand événement de l’histoire nationale dépouillé d’intérêt, anéanti. Cela désespère ! »

002328720.jpgLe savant de glace aura énervé d’autres génies en occident ; on va y revenir.  Et à l’heure où nous sommes persécutés, ruinés et animalisés par l’affairisme pharmaceutique, il est bon de rappeler cette phrase de Goethe sur cette invasion pas comme les autres, que le Knock de Jules Romains a magnifiquement révélée en son temps :

« Puis Goethe a parlé des autres savants et littérateurs. « Je n’aurais jamais su quelle est la misère humaine, et combien peu les hommes s’intéressent vraiment à de grandes causes, si je ne les avais pas éprouvés à propos de l’un de mes travaux scientifiques. J’ai vu alors que pour la plupart la science ne les intéresse que parce qu’ils en vivent, et qu’ils sont même tout prêts à déifier l’erreur, s’ils lui doivent leur existence. Ce n’est pas mieux en littérature. Là aussi un grand but, un goût véritable pour le vrai, le solide, et pour leur propagation sont des phénomènes très-rares. Celui-ci vante et exalte celui-là, parce qu’il en sera à son tour vanté et exalté ; la vraie grandeur leur est odieuse, et ils la chasseraient volontiers du monde pour rester seuls importants. Ainsi est la masse, et ceux qui la dominent ne valent pas beaucoup mieux. »

Goethe résume ainsi cruellement notre situation de modernes : ainsi est la masse, et ceux qui la dominent ne valent pas beaucoup mieux.

Tocqueville écrit dix ans après Goethe (onze exactement) presque sur le même sujet : la déshumanisation par la nouvelle histoire dite scientifique (et qui n’arrivera jamais à la cheville de Thucydide de toute manière) :

« Ceux qui écrivent dans les siècles démocratiques ont une autre tendance plus dangereuse. Lorsque la trace de l’action des individus sur les nations se perd, il arrive souvent qu’on voit le monde se remuer sans que le moteur se découvre. Comme il devient très difficile d’apercevoir et d’analyser les raisons qui, agissant séparément sur la volonté de chaque citoyen, finissent par produire le mouvement du peuple, on est tenté de croire que ce mouvement n’est pas volontaire, et que les sociétés obéissent sans le savoir à une force supérieure qui les domine. »

indexadt.jpgOn prépare donc le troupeau à l’abattoir des guerres ou du réchauffement climatique :

« Les historiens qui vivent dans les temps démocratiques ne refusent donc pas seulement à quelques citoyens la puissance d’agir sur la destinée du peuple, ils ôtent encore aux peuples eux-mêmes, la faculté de modifier leur propre sort, et ils les soumettent soit à une providence inflexible, soit à une sorte de fatalité aveugle. »

Nous allons alors devenir des turcs, observe Tocqueville (aujourd’hui on parle des chinois et de leur notation sociale…) :

« Si cette doctrine de la fatalité, qui a tant d’attraits pour ceux qui écrivent l’histoire dans les siècles démocratiques, passant des écrivains à leurs lecteurs, pénétrait ainsi la masse entière des citoyens et s’emparait de l’esprit public, on peut prévoir qu’elle paralyserait bientôt le mouvement des sociétés nouvelles, et réduirait les chrétiens en Turcs.

Je dirai de plus qu’une pareille doctrine est particulièrement dangereuse à l’époque où nous sommes ; nos contemporains ne sont que trop enclins à douter du libre arbitre, parce que chacun d’eux se sent borné de tous côtés par sa faiblesse, mais ils accordent encore volontiers de la force et de l’indépendance aux hommes réunis en corps social. Il faut se garder d’obscurcir cette idée, car il s’agit de relever les âmes et non d’achever de les abattre. »

Il s’agit de relever les âmes et non d’achever de les abattre… Avouez qu’on est mal partis !

Je terminerai par Chateaubriand, par la prodigieuse conclusion des Mémoires d’outre-tombe (1841). Chateaubriand reconnait un accroissement quantitatif y compris sur le plan des connaissances. Mais à quel prix ! Il écrit sur ce mixte de fatalité et de scientificité :

chateaubriand.jpg« Au milieu de cela, remarquez une contradiction phénoménale : l'état matériel s'améliore, le progrès intellectuel s'accroît, et les nations au lieu de profiter s'amoindrissent : d'où vient cette contradiction ?

C'est que nous avons perdu dans l'ordre moral. En tout temps il y a eu des crimes ; mais ils n'étaient point commis de sang−froid, comme ils le sont de nos jours, en raison de la perte du sentiment religieux. A cette heure ils ne révoltent plus, ils paraissent une conséquence de la marche du temps ; si on les jugeait autrefois d'une manière différente, c'est qu'on n'était pas encore, ainsi qu'on l'ose affirmer, assez avancé dans la connaissance de l'homme ; on les analyse actuellement ; on les éprouve au creuset, afin de voir ce qu'on peut en tirer d'utile, comme la chimie trouve des ingrédients dans les voiries. Les corruptions de l'esprit, bien autrement destructives que celles des sens, sont acceptées comme des résultats nécessaires ; elles n'appartiennent plus à quelques individus pervers, elles sont tombées dans le domaine public. »

On répète : les corruptions de l’esprit sont tombées dans le domaine public. Cela ne vous rappelle rien ?

Sources disponibles sur wikisource :

De la démocratie en Amérique, Tome troisième, chapitre XX

Mémoires d’outre-tombe, conclusion

Conversations avec Eckermann

jeudi, 25 février 2021

«Là-bas aussi il fait déjà trop jour»: Goethe et le déclin de la culture européenne

johann-wolfgang-von-goethe-63161_960_720.jpg

«Là-bas aussi il fait déjà trop jour»: Goethe et le déclin de la culture européenne

par Nicolas Bonnal

Notre effondrement culturel est évident. Comparez le début du vingtième siècle et celui de ce siècle pour rire. Mais remontons un peu dans le temps pour comprendre...

Goethe face au déclin de la littérature : il semble que le plus grand génie européen ait pressenti notre crépuscule après 1815 dans ce domaine aussi. D’autres grands esprits alors évoquent le recul à venir, Chateaubriand dans l’admirable conclusion des Mémoires, Tocqueville bien sûr, Musset à sa manière, et Edgar Poe qui annonce le règne de la racaille (mob) dans ses Entretiens avec une momie.

Dans les formidables entretiens avec Eckermann ce dernier écrit (on est en février 1824 et vous trouverez tout sur Wikisource) sur les méfaits du génie shakespearien à long terme (et en effet Shakespeare n’a-t-il pas ombragé toute la littérature britannique ou presque?):

« Après dîner, je restai seul avec Goethe. Nous causâmes sur la littérature anglaise, sur la grandeur de Shakespeare et sur la situation malheureuse de tous les poètes dramatiques anglais venus après ce géant de la poésie. « Un talent dramatique, dit Goethe, s’il était remarquable, ne pouvait pas ignorer Shakespeare, il ne pouvait s’empêcher de l’étudier. Mais, en l’étudiant, il acquérait la conviction que Shakespeare avait déjà épuisé toute la nature humaine, dans toutes ses directions, dans toutes ses profondeurs, dans toute son élévation, et qu’il ne lui avait laissé, à lui son descendant, absolument rien à faire. Et où donc aurait-il pris le courage de saisir seulement la plume, celui dont l’âme avait su bien comprendre les immenses et inaccessibles beautés de son prédécesseur ? »

L’ombre écrasante de Shakespeare n’existait pas en Allemagne. C’était une chance pour Goethe et pour la belle brochette de génies germaniques nés à l’époque de Napoléon (que Goethe adore comme lecteur et critique, il en parle mainte fois à son convive) :

 9f63cd5f55c25bfc16077e8c3cb0530b_XL.jpg« Il y a cinquante ans, dans ma chère Allemagne, j’étais, moi, plus à mon aise, mes prédécesseurs ne m’embarrassaient pas ; ils n’étaient pas en état de m’imposer longtemps et de m’arrêter. J’abandonnai donc bien vite la littérature allemande, je ne l’étudiai plus et je m’adonnai tout entier à la vie elle-même, et à la création. Je me développai ainsi peu à peu tout naturellement et me rendis capable des œuvres que je publiais de temps en temps avec succès. Dans ce progrès parallèle de ma vie et de mon développement, jamais mon idée de la perfection n’a été supérieure à ce que j’étais à ce moment-là capable de réaliser. »

Et d’expliquer pourquoi l’Allemagne a connu alors tant de génies : « Mais si j’étais né en Angleterre, et si au moment où, pour la première fois, jeune homme ouvrant les yeux, j’avais été envahi par cette variété de chefs-d’œuvre, leur puissance m’aurait écrasé et je n’aurais su que faire. J’aurais perdu la légèreté de la démarche, la fraîcheur du courage, et je serais resté livré à de longues réflexions, à de longues hésitations, pour trouver une nouvelle voie. »

C’est peut-être une des causes de la longévité de la littérature française qui fascinait Borges : on n’a jamais eu de génie qui écrase les autres. Pas de Dante, pas de Shakespeare, pas de… Goethe. Car le déclin allemand est patent après lui et la prodigieuse génération romantique (Hölderlin, Novalis, Schlegel, etc.) qui fournit aussi les plus grands philosophes, Hegel ou Schopenhauer. Le dix-neuvième est une longue agonie littéraire dont ne va cesser de se plaindre Nietzsche dans toute son œuvre, accusant Bismarck, l’unité allemande, la presse (considération inactuelle sur David Strauss), le nationalisme - et en oubliant la création d’une société industrielle très crétine. Il est vrai que le génie allemand renaît au moment de la guerre, tant sur le plan littéraire (Mann, Hesse, etc.) que philosophique (Heidegger, Spengler). Ce sera un beau chant du cygne que l’on retrouvera partout en Europe, surtout en Autriche d’ailleurs (importance des génies juifs). Jamais nous n’avons aussi brillé qu’au début du vingtième. Et jamais nous n’avons été aussi éteints que maintenant.

goethe_kolbe_vesuv.jpg

Revenons à Goethe ; on est toujours en février 1824 :

« Aujourd’hui, avant diner, Goethe m’a fait inviter à une promenade en voiture. En entrant dans sa chambre, je le trouvai déjeunant ; il paraissait d’humeur très-gaie.

« J’ai reçu une très-agréable visite, me dit-il joyeusement ; un jeune homme plein d’espérance, Meyer, de Westphalie, était avant vous chez moi. Il a fait des poésies qui permettent d’attendre beaucoup. Il vient d’avoir dix-huit ans ; il est avancé d’une façon étonnante. Je suis bien content, dit ensuite Goethe en riant, de n’avoir pas aujourd’hui dix-huit ans. »

Et là la remarque est implacable, expliquant la liquidation de toute littérature européenne dans le règne de la quantité littéraire :

« Quand j’avais dix-huit ans, l’Allemagne avait aussi dix-huit ans, et on pouvait faire quelque chose ; maintenant ce que l’on demande est incroyable, et tous les chemins sont barrés. L’Allemagne seule est, dans tous les genres, parvenue si haut, que notre regard peut à peine tout dominer, et il faut que nous soyons encore avec cela Grecs, Latins, Anglais et Français ! Et voilà maintenant l’Orient, où l’on a la folie de nous envoyer : un jeune homme doit vraiment perdre la tête. Pour consoler Meyer, je lui ai montré ma tête colossale de Junon, comme un symbole lui disant qu’il pouvait rester chez les Grecs et cependant trouver la tranquillité. C’est un jeune homme d’un esprit pratique ! S’il se met en garde contre l’éparpillement, il peut devenir quelque chose. Mais je remercie le ciel, comme je vous disais, de ne plus être jeune dans un siècle aussi avancé. Je ne resterais plus ici. »

Goethe_IMG_7805.JPG

Et l’auteur de Werther de finir sur un ton sublime :

« Et même, si je voulais fuir en Amérique, j’arriverais encore trop tard, car là-bas aussi il fait déjà trop jour. »

Oui la grandeur américaine n’eut qu’un temps assez bref aussi (Hawthorne, Poe, Thoreau, Emerson, etc.). On passa ensuite aux bestsellers et à des temps plus industriels.

On complètera ces remarques de Goethe par le remarquable essai de Tolstoï (qui méprisait royalement Shakespeare !) sur le déclin de l’art, qui expliquait comment l’école, l’université, l’enseignement, les profs, les journaux, les critiques, les festivals, tout enfin avait détruit le génie littéraire vers la fin du dix-neuvième siècle. Même son de cloche dans la très belle dissertation de Nietzsche sur l’histoire…

Là-bas aussi il fait déjà trop jour…

Sources :

https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Tolstoi%20...

https://philosophie.cegeptr.qc.ca/wp-content/documents/Se...

https://fr.wikisource.org/wiki/Conversations_de_Goethe/An...

https://www.amazon.fr/Chroniques-sur-lHistoire-Nicolas-Bo...

 

mardi, 19 janvier 2021

Céline et la soumission imbécile du Français

838_celine_sourire.coll.part2.jpg

Céline et la soumission imbécile du Français

par Nicolas Bonnal

On entend ici et là qu’on va réagir, qu’on est le pays des rebelles, des droits de l’homme, de la liberté, des tranchées et qu’on va voir ce qu’on va voir à propos du vaccin, du masque, du confinement.

Je répète : jouez aux rebelles quinze secondes, vous qui me jetez la pierre, dans le métro, à l’école, au boulot. Il n’y a pas 30% de mécontents ou d’insoumis dans ce pays, mais 1%. Et ça dépend des jours et du sujet.

Une amie m’a écrit hier :

« J’entendais hier un général de gendarmerie, étonné de la "docilité" des français (à propos du couvre-feu), qui disait qu'en réalité on n'aurait pas le choix. Carnet vaccinal obligatoire pour voyager ; pour se soigner et aller à l'hosto idem ; pour travailler encore, les administrations demanderont à leurs employés de se faire vacciner (et je doute que le privé soit en reste) ; bref ce que tu dis depuis des mois. »

C’est ce que je dis depuis des mois parce que c’est ce qui se passe depuis des siècles.

Tout pays de la liberté se croit plus libre au fur et à mesure qu’il s’enferme dans les réseaux inextricables des lois. Maistre rappelait en 1789 qu’on avait eu plus de lois en un an qu’en mille.

Quelques rappels céliniens alors. C’est ma monographie la plus lue - avec celle de Tolkien -  et elle est lue par des gens qui ont compris que Céline ne parle pas des juifs (sujet éculé tout de même) mais des Français :

« Il règne sur tout ce pays, au tréfonds de toute cette viande muselée, un sentiment de gentillesse sacrificielle, de soumission, aux pires boucheries, de fatalisme aux abattoirs, extraordinairement dégueulasse. Qui mijote, sème, propage, fricote, je vous le demande, magnifie, pontifie, virulise, sacremente cette saloperie suicidaire ? Ne cherchez pas ! Nos farceurs gueulards imposteurs Patriotes, notre racket nationaliste, nos chacals provocateurs, nos larrons maçons, internationalistes, salonneux, communistes, patriotes à tout vendre, tout mentir, tout provoquer, tout fourguer, transitaires en toutes viandes, maquereaux pour toutes catastrophes. Patriotes pour cimetières fructueux. Des vrais petits scorpions apocalyptiques qui ne reluisent qu’à nous faire crever, à nous fricoter toujours de nouveaux Déluges. »

213320f6872b8da59b92e4cc07565713.jpg

Céline a compris que le Français n’est pas une victime de Macron, Hollande ou Sarkozy, du comité des forges ou du mondialisme ou de Bruxelles : le Français est un enthousiaste. On le laisse cracher le morceau (à Céline) :

« Plus de Loges que jamais en coulisse, et plus actives que jamais. Tout ça plus décidé que jamais à ne jamais céder un pouce de ses Fermes, de ses Privilèges de traite des blancs par guerre et paix jusqu’au dernier soubresaut du dernier paumé d’indigène. Et les Français sont bien contents, parfaitement d’accord, enthousiastes. »

Cela c’était avant 39. Pour aujourd’hui aussi ces lignes résonnent furieusement (pensez à ces queues d’andouilles voulant être testées cet été…) :

« Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. »

Certains nous font le coup à la mode Maurras du grand recours, de la divine surprise (Trump…). On a vu la lâcheté incisive des femmes Le Pen. Céline savait ce qu’il en coûtait de se fier aux patriotes, aux nationalistes et autres, toujours les premiers à offrir leur poitrine aux démocraties, comme disait Bernanos. Et de rentrer dedans :

« Dans nos démocraties larbines, ça n’existe plus les chefs patriotes. En lieu et place c’est des effrontés imposteurs, tambourineurs prometteurs “d’avantages”, de petites et grandes jouissances, des maquereaux “d’avantages”. Ils hypnotisent la horde des “désirants”, aspirants effrénés, bulleux “d’avantages”. Pour l’adoption d’un parti, d’un programme, c’est comme pour le choix d’un article au moment des “réclames”, on se décide pour le magasin qui vous promet le plus “d’avantages”. Je connais moi des personnes, des véritables affranchis qui sont en même temps marxistes, croix-de-feu, francs-maçons, syndiqués très unitaires et puis malgré tout, quand même, encore partisans du curé, qui font communier leurs enfants. C’est des camarades raisonnables, pas des fous, qui veulent perdre dans aucun tableau, qui se défendent à la martingale, des Idéologues de Loterie, très spécifiquement français. Quand ça devient des racailles pareilles y a plus besoin de se gêner. »

e5756199-1f4c-4b50-9c56-95a7779198b0.jpg

Cela s’applique aussi au Bayrou, catho, bourgeois, six enfants, qui nous prépare le passeport vaccinal et la grande confiscation dans un bâillement/acquiescement général.

Céline remet notre occident démocrate – qui retombe dans son terrorisme/bolchévisme initial, ici ou en Amérique - à sa place :

« La conjuration mondiale seule véritable réussite de notre civilisation. Nous n’avons plus de patriotes. C’est un regret de bétail, on en a presque jamais eu de patriotes. On nous a jamais laissé le temps. D’une trahison dans une autre, on a jamais eu le temps de souffler… D’une guerre dans une autre… »

Après on est vendus aux étrangers mais c’est depuis des siècles (pensez à Concini dans le Capitan…) :

« On nous a toujours trafiqués, vendus comme des porcs, comme des chiens, à quelque pouvoir hostile pour les besoins d’une politique absolument étrangère, toujours désastreuse. Nos maîtres ont toujours été, à part très rares exceptions, à la merci des étrangers. Jamais vraiment des chefs nationaux, toujours plus ou moins maçons, jésuites, papistes, juifs… »

Parti de l’ordre, parti catholique, parti social-démocrate, parti européen, parti pro-américain, parti prosoviétique, on n’en finirait pas…Comme on sait dans le dernier pamphlet Céline a compris que le problème français est insoluble, plus fort que prévu, et que « bouffer du juif ne suffit plus » ! Il était temps Ferdinand !

Qui a envie de bouffer du Zemmour, du Toubiana, du Kunstler, du Greenwald ? En pourcentage il y a plus de juifs que de goys antisystèmes. 10% dans un cas, un pour dix mille dans l’autre.

Un autre antisémite qui a enfin compris les Français c’est Drumont. Et dans son Testament, très supérieur à la France juive, il écrivait le vieil Edouard :

« Quand les conquérants germains et francs qui, unis aux purs Gaulois et aux Celtes, constituèrent véritablement la France eurent perdu leur vigueur, l'élément gallo-romain l'emporta, la race latine reprit le dessus; or, cette race est faite pour la tyrannie, puisqu'elle n'a aucun ressort de conscience ; elle adore une idole imbécile, une idole de marbre ou de plâtre qu'on appelle la Loi, et au nom de cette Loi, elle subit tout. »

Ensuite Drumont l’explique cette ludique loi gallo-romaine :

« La Loi, c'est le licteur qui vient de la part de César annoncer au citoyen romain qu'il est condamné à mourir, mais qu'on lui laisse le choix du supplice ; c'est le gendarme de la Révolution qui vient parfois tout seul arrêter cinq ou six personnes et qui les conduit au Luxembourg ou à la Conciergerie, où un autre gendarme vient les chercher pour les conduire à la guillotine. Jamais il n'est entré dans la cervelle de ceux qu'on arrêtait ainsi, l'idée de commencer par tuer le gendarme. C'est là un spectacle extraordinaire et il n'y a jamais qu'en France qu'un gouvernement ait pu s'appeler, comme par une désignation constitutionnelle: la Terreur. »

tumblr_nv6sxymPPH1slbwszo2_1280.jpg

Revenons à Céline et à la docilité du colonel de gendarmerie cité plus haut :

 « Les Français subiront leur sort, ils seront mis, un jour, à la sauce vinasse... Ils le sont déjà. Pas d'erreur!... Le conquérant doit être sûr de ses esclaves en tous lieux, toujours en mains, sordidement soumis, il doit être certain de pouvoir les lancer, au jour choisi, parfaitement hébétés... dociles... jusqu' aux os... gâteux de servitude, dans les plus ronflants, rugissants fours à viande... sans que jamais ils regimbent, sans qu'un seul poil de ce troupeau ne se dresse d'hésitation, sans qu'il s'échappe de cette horde le plus furtif soupçon de plainte... »

C’est lui qui qualifie nos monuments aux morts de lourds dolmens de la docilité…

Source:

Nicolas Bonnal – Céline, le pacifiste enragé

51rPvrRXaXL.jpg

 

 

mercredi, 06 janvier 2021

Et si le peuple voulait du "Grand Reset" et de la tyrannie ?

la-tyrannie-et-vie-représenté-comme-un-mot-de-une-boule-en-épave-pour-symboliser-que-peut-avoir-mauvais-effet-détruire-d-165042109.jpg

Et si le peuple voulait du "Grand Reset" et de la tyrannie ?

par Nicolas Bonnal

Le plan des mondialistes progresse bien, et on en peut que rester béat d’admiration devant la stupidité béate des victimes. Comme dit Bernanos dans la France contre les robots, au moment des guerres contre le fascisme :

« Et si, par hasard, une telle idée leur était venue, ils se seraient bien gardés de l'avouer, car ils sont un des éléments de cette pourriture. La Bêtise, en effet, m'apparaît de plus en plus comme la cause première et principale de la corruption des Nations. La seconde, c'est l'avarice. L'ambition des dictateurs ne vient qu'au troisième rang. »

J’exagère ? Parce qu’une fois de plus je me crois supérieur et que je méprise mes contemporains qui sont les pauvres victimes d’une dictature affreuse ?

Essayez alors d’enlever votre masque dans le métro avant de me jeter la première pierre. Essayez d’envoyer votre petit sans masque à l’école avant de me jeter la première pierre. Essayez de prêcher à voix haute le texte du Dr Perronne en public avant de me jeter la première pierre. Vous verrez que le monde que vous croyez résistant le temps d’un clic est furieusement collabo dans la réalité.

reason.jpg

Cela n’étonnera du reste que les distraits. La résistance en France ne s’est développée que lorsque la défaite allemande fut assurée. Il n’y a que les nationalistes qui résistaient dès le début, comme là Marion et Philippot chez les politiciens. Et il fallait moins de cent mille soldats allemands en 1942 pour garder cette masse, tout comme il ne faut guère que cent mille gendarmes pour mettre tout le monde au pas. On a rappelé ici-même la soumission des Français sous Napoléon III, confirmé par le plébiscite de Mai 1870 d’ailleurs (pauvre Hugo exilé pour rien sur son île) et sous les aberrantes guerres républicaines, continentales ou coloniales. Le reste est de la soumission à la société de consommation et technologique, et Guy Debord nous a tout dit dessus, comme Lewis Mumford ou John Boorstyn en leur temps.

Il faut donc tirer quelques conclusions, car on s’est très bien habitués au masque, comme dit justement le président jupitérien Macron. On s’est très bien habitué au confinement aussi, et au porno gratuit sur le web (voyez la bonne émission d’Alexis Cossette et de Sylvain Trotta), et à Netflix, et à BFM. On a aussi compris que la populace ne veut pas du vaccin, mai que si on prend le temps de bien lui expliquer, et de la prévenir contre le militantisme terroriste et réac des anti-vaccins, ce que font les journaux tout le temps, tout ira pour le mieux.

Récemment c’est maître Brusa qui reconnaissait :

 “La Covid a généré une catastrophe juridique…il faudra des années pour se remettre sur le plan économique. Et des années sur le plan du droit…On commence à avoir des informations qui attestent qu’on nous prend pour des cons…Il faut que le peuple réagisse, il faut aussi que les gens réclament de la liberté, et aujourd’hui ce qui m’anéantit, c’est de voir comme il est difficile de faire réagir le peuple. Je ne demande pas de faire une révolution, je demande au peuple de demander les libertés…Nous sommes en train de tout perdre. Mais qu’est-ce qu’il faut de plus pour qu’on comprenne qu’on est dans le cadre d’une dictature ? Ce n’est pas parce que 200 ou 300 avocats font une tribune dans un journal que les choses vont changer, parce que, excusez-moi, mais Macron de la tribune dans le JDD, il n’en a rien à cirer… »

172-ProjetKO-Conditionnement-variante.jpg

Le peuple ne veut pas de la liberté. Le peuple veut du pain et des jeux, et on n’a pas attendu l’an 2020 pour le découvrir. Or le système les lui donne et il va prendre à ceux qui ont de l’argent en banque, qui sont une minorité et aux propriétaires, qui sont une minorité. Pour le reste le peuple admire les vedettes et les hommes les plus riches sont des vedettes comme ses sportifs préférés. Eux sont des philanthropes qui veulent vacciner ou protéger la planète…

J’irai même plus loin cette fois : le peuple n’a aucune raison d’être contre le grand reset. Le grand reset est dans l’air du temps, pas vrai ? Le peuple a en effet été éduqué dans l’idée que l’on pollue trop et qu’il faut arrêter de respirer ou de trop carboniser l’atmosphère ; il a été élevé dans la peur depuis l’an 2001 et un ami espagnol me disait que la jeune génération avait été déjà élevée dans la soumission et dans la servitude volontaire, pour reprendre le mot de l’année écoulée et même du court millénaire à venir. Le peuple a des dettes, pas de pognon, pas de goût pour la liberté (à part pour aller revoter pour Macron ou son ministre Edouard Philippe), mais il a le sens des responsabilités (remets ton masque, sale nazi) et de l’écologie, alors… On le prive de travail ; mais tant qu’il a le smartphone et la tambouille assurée. Le reste on verra après. De toute manière le travail…

Nietzsche avait déjà tout dit vers 1880 et on comprend (et c’est pourquoi je tape sur leur monde moderne) comment nos opinions abruties ont pu se farcir tant de guerres et de dictatures depuis. Lisez, vous allez rire :

« Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes !

yoran-brejnik-30-03dictaturebis.jpg

Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.

On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point.

On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. Point de berger et un seul troupeau ! »

Et là le maître touche le but de nos banquiers globaux :

« La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. »

Eh bien notre homme va sautiller un peu moins…

Sources :

Ainsi parlait Zarathoustra

Coronavirus et servitude volontaire

La France contre les robots

https://covidinfos.net/covid19/nous-sommes-en-train-de-creer-une-prison-a-ciel-ouvert-affirme-maitre-brusa-qui-denonce-une-dictature/2607/

samedi, 02 janvier 2021

2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

technocracy_cartoon_1200-1024x572.jpg

2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

par Nicolas Bonnal

Ex: https://reseauinternational.net

La facilité avec laquelle s’installe l’horreur techno-mondialiste nécessite un rappel historique. La dictature pseudo-médicale est liée à l’ascension prodigieuse de l’État moderne. De grands penseurs très différents ont dénoncé cet État moderne : Marx, les anarchistes français (génial Proudhon…), Tocqueville. Mais quand on sait sur quoi ont débouché marxisme et libéralisme, on comprendra pourquoi je ne propose jamais de solution. Ma solution c’est Fly you fools dans la caverne de la Moria de Tolkien. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai publié plusieurs livres sur Tolkien, et qui tournent autour de cette question : comment les gens libres du monde traditionnel ou les rebelles du monde moderne peuvent-ils échapper à l’horreur du totalitarisme postmoderne occidental ? Le grand traditionaliste Coomaraswamy a écrit :

« …le gouvernement traditionnel de l’Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier ».

Correspondant de Guénon, Coomaraswamy est alors proche des derniers grands écrivains catholiques Chesterton ou Bernanos. Son fils chirurgien a d’ailleurs écrit un livre contre Vatican II. Et on voit que le paganisme de l’Église romaine débouche sur son acquiescement au totalitarisme mondialiste sous le pontificat de l’autre. Je recommanderai aussi la lecture du jeune historien Yohann Chapoutot qui établit le lien entre occident et nazisme, cette machine coloniale à organiser pour dépeupler et contrôler.

9782081204959.jpgLa France est à la tête du totalitarisme néo dans le monde, et Macron a succédé au prince-président dont a génialement parlé Hugo dans Napoléon le petit. La France a toujours été à l’avant-garde de la tyrannie étatiste. Lisez Taine (le tome cinquième de sa France contemporaine) à ce sujet, l’Ancien Régime de Tocqueville, et même mon livre le Coq hérétique, publié en 1997, qui eut de nombreuses recensions en Angleterre… et en France.

Un qui en a bien parlé c’est Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte :

« On se rend compte immédiatement que, dans un pays comme la France, où le pouvoir exécutif dispose d’une armée de fonctionnaires de plus d’un demi-million de personnes et tient, par conséquent, constamment sous sa dépendance la plus absolue une quantité énorme d’intérêts et d’existences, où l’État enserre contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses modes d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus, où ce corps parasite, grâce à la centralisation la plus extraordinaire, acquiert une omniprésence, une omniscience une plus rapide capacité de mouvement et un ressort, qui n’ont d’analogues que l’état de dépendance absolue, la difformité incohérente du corps social, on comprend donc que, dans un tel pays, l’Assemblée nationale, en perdant le droit de disposer des postes ministériels, perdait également toute influence réelle, si elle ne simplifiait pas en même temps l’administration de l’État, ne réduisait pas le plus possible l’armée des fonctionnaires et ne permettait pas, enfin, à la société civile et à l’opinion publique, de créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir gouvernemental ».

Aujourd’hui cette armée de fonctionnaires, encore un peu pseudo-grévistes dans les années 90, se mettent goulument au service de la dictature cléricale et médicale de Macron. Le régime reste bourgeois et Marx explique pourquoi il y a cent-cinquante ans :

index18BR.jpg« Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément lié de façon très intime au maintien de cette machine gouvernementale vaste et compliquée. C’est là qu’elle case sa population superflue et complète sous forme d’appointements ce qu’elle ne peut encaisser sous forme de profits, d’intérêts, de rentes et d’honoraires. D’autre part, son intérêt politique l’obligeait à aggraver de jour en jour la répression, et, par conséquent, à augmenter les moyens et le personnel du pouvoir gouvernemental, tandis qu’en même temps il lui fallait mener une guerre ininterrompue contre l’opinion publique, mutiler et paralyser jalousement les organes moteurs indépendants de la société, là où elle ne réussissait pas à les amputer complètement. C’est ainsi que la bourgeoisie française était obligée, par sa situation de classe, d’une part, d’anéantir les conditions d’existence de tout pouvoir parlementaire et, par conséquent aussi, du sien même, et, d’autre part, de donner une force irrésistible au pouvoir exécutif qui lui était hostile ».

Entre le lumpenprolétariat (la bohème de Marx, racailles d’aujourd’hui, suppôt du pouvoir rose-brun), la population superflue et l’ordre bourgeois, on conçoit que la France est mal partie pour réagir.

Marx ajoute dans le même élan :

« Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d’État. La monarchie légitime et la monarchie de Juillet ne firent qu’y ajouter une plus grande division du travail, croissant au fur et à mesure que la division du travail, à l’intérieur de la société bourgeoise, créait de nouveaux groupes d’intérêts, et, par conséquent, un nouveau matériel pour l’administration d’État. Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental ».

J’ai déjà cité cette phrase prodigieuse, alors je la répète :

« Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

9782080703538.jpgAujourd’hui la machine se met au service du techno-mondialisme, des GAFAM, de l’écologisme malthusien, de Davos.

La suite avec Tocqueville : lui a décrit la triomphe de l’État et de sa bourgeoisie un peu comme Guénon dans Autorité spirituelle et pouvoir temporel.  Tocqueville décrit déjà distanciation et isolement, et fin de la patrie :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie ».

Au-dessus de cette meute, l’État qui n’a pas attendu nos commentateurs télé pour découvrir qu’il faut maintenir les Français dans l’enfance (il faudra un jour comprendre qu’on n’était pas beaucoup plus libres avant le coronavirus) :

« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

On répète car c’est magnifique : que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

Et bien c’est fait avec le vaccin et la télé et la grande confiscation de l’année prochaine.

9782081451667_1_75.jpgTocqueville ajoute :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ».

J’ai déjà parlé de l’hébétude, mot repris par Baudrillard dans sa Guerre de Troie et subtilement commenté par Mgr Gaume : c’est la fin de l’intelligence du baptême et l’abrutissement esclave, celui que vous et moi, rebelles impuissants, constatons autour de nous. Le rebelle découvre alors que lui aussi n’est pas libre sur le terrain…

Tocqueville explique la vraie raison de notre stupide soumission :

«  Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne. Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent ».

le_coq_heretique_autopsie_de_l_exception_francaise-71933-264-432.jpgCe qui nous arrive était écrit, comme dirait un beau rebelle arabe dans Lawrence d’Arabie, tourné près de chez moi en Andalousie.

Faites attention, l’État mondialiste a toute la technologie pour s’installer, et les « bourreaux volontaires » abondent. Il a son armée de politiciens, de drones, de fonctionnaires et de journalistes hypnotiques, de victimes hébétées.

Bonne année à ceux qui veulent vivre et résister.

Nicolas Bonnal.

Sources :

Nicolas Bonnal – Le coq hérétique (Les Belles Lettres)

Tocqueville –  De la Démocratie en Amérique, volume II, part 4, chap VI.

Marx – Le dix-huit Brumaire

Chapoutot – Libres d’obéir, nazisme et management

dimanche, 20 décembre 2020

Le nouvel ordre mondial et ses bourreaux volontaires

4195907e99dae67e45ec854ac9d66415.jpg

Le nouvel ordre mondial et ses bourreaux volontaires

par Nicolas Bonnal

La notion « d’élites hostiles » de Kevin Macdonald s’adapte aux temps apocalyptiques que nous vivons. Elle représente quelques milliers de personnes par pays, un million tout au plus dans le monde ; et ces « élites » (fric plus convictions hérétiques, au sens de Chesterton) détraquées pour tout un tas de raisons nous veulent vraiment du mal,  fonctionnaires internationaux, experts, ONG, milliardaires…  Et rappelons-nous que les politiques d’extermination totalitaire ne se mettent jamais tout de suite en place : on attend en général quinze ans (Hitler, Mao, Staline) pour les mettre en place car on a formé les bourreaux volontaires et les victimes. Nous sommes en l’an I de coronavirus. Attendez l’an quinze pour voir ce qui restera de vous.

Du point de vue socio-économique, grâce aux progrès techniques, tout pouvait bien se passer et, comme je l’ai montré dans mon texte sur le Reset qui se termine, rien ne ressemble en 2020 aux apocalyptiques opus hollywoodiens des années 70  qui promouvaient les délires du club de Rome, de la Trilatérale, des écolos. Même la technologie pourrait être utilisée pour aider l’homme au lieu de le supprimer. Cependant, comme on ne cesse de le montrer ici et ailleurs, nos Blofeld-Schwab, nos techno-nazis ou nos oligarques humanitaires  veulent leur dystopie, ils veulent leur tyrannie numérique, leur crash mondial, ils veulent leur sabotage énergétique, ils veulent la misère des jeunes ou des nations, et ils veulent imposer une mixture de terreur et de survie dont la France « orange psychiatrique » d’Alex Macron donne un avant-goût, ou pour mieux dire un avant-dégoût, au reste de l’Europe mécréante. Cet anéantissement de la nature humaine rappelle les meilleures heures du bolchevisme et du nazisme mais elle se fait cette fois aux ordres de la démocratie-marché-TINA dont on a déjà montré avec Debord ou Zinoviev le caractère néototalitaire. C’est la chute de l’URSS toujours qui a précipité notre sort de condamnés à mort…

J’en arrive à mon titre alors : combien de bourreaux volontaires auront-ils à leurs bottes pour servir leur dessein de dépopulation et d’extermination de la santé, des libertés et des économies ? Combien ? Un million, ce qui ne serait pas assez, cinq millions ou vingt millions par pays de taille moyenne comme la France ou l’Allemagne ? On vient de voir que les soignants des EHPAD ne veulent pas du vaccin : mais accepteront-ils de voir leurs patients nonagénaires mourir sous leurs yeux des effets du vaccin Gates ou Pfizer ?  Et qui les vaccinera eux ? Faudra-t-il les menacer de mort, de faim, d’expulsion, de sanctions, pour les pousser à se vacciner ? Et combien de bourreaux volontaires (pensez aux rafles de la guerre, aux gardiens de camps) le feront ? Jusqu’où peut aller une âme qui se damne, qui s’achète, ou qui joue de paresse simplement…

Bourreau_potence.jpg

On aura donc (je laisse de côté les élites car il s’agit de compter la masse des collabos cette fois) :

  • Les enthousiastes. Ils sont plus nombreux qu’on ne le croit : les antisystèmes vivent dans le monde parallèle du clic où tout le monde s’approuve en réseau, et ils ne se rendent pas compte que beaucoup de gens sont passés du côté obscur, comme dit mon ami Olivier Demeulenaere. On a les cadres, les politiciens, les administratifs sélectionnés, les féministes, les LGBTQ, les antiracistes (qui vont se régaler avec Biden et Kamala), les antichrétiens (qui ont pris le pouvoir au Vatican, voyez leur soutien officiel à Davos ou la crèche de Noël aliénigène), les personnels politiques délirants qui ont pris le pouvoir à peu près partout en Europe, même quand le vieux nom d’un parti est préservé pour tromper le consommateur-électeur ivrogne. Le rôle des universités américaines et de l’enseignement anglo-saxon encore… Dès les années soixante-dix on pouvait se rendre compte que la menace venait d’Amérique, pas du bloc communiste.
  • Les fonctionnaires : leur pouvoir est renforcé par le virus et ils seront choyés jusqu’au bout comme dans tous les régimes staliniens et pétainistes. On a ici ou là un flic ou gendarme qui se rebelle, mais les autres ? Faut bien gagner sa vie et obéir. Faut mériter sa retraite. Mais à quel prix ? La dureté des fonctionnaires municipaux parisiens m’a été rappelée par Lucien Cerise récemment. On me confirme la tragique  médiocrité caporaliste du corps enseignant. Mais qui en doutait encore ? Parmi les fonctionnaires on a les militaires. Le pouvoir mondialiste a doublé les traitements des généraux en France depuis dix ans, et on se doute que les primes et les retraites seront à la fête. La militarisation se fera aux dépens d’une épuration qui mettra les plus vils aux commandes. Voir le sort des gilets jaunes.
  • Les forcés. Prenons plusieurs exemples.  Il y a longtemps que les journalistes ont été remplacés par les putes, comme dit Alain Soral. On est passé en mode accéléré sous les hyper-présidents Sarkozy-Hollande, première mouture du pouvoir mondialiste ultime. On voit que la même recette de bâton et carotte s’applique aux médecins ; la médecine libérale disparait au profit d’une médecine soviétisée qui a recours à l’hôpital psychiatrique maintenant pour éloigner le contrevenant. De la même manière, restauration et petits commerces (dont le sort est tragique depuis la protéiforme, incomprise, prophétique révolte poujadiste des années cinquante) sont forcés de disparaître pour être remplacés par le millier de supermarchés technétroniques décrits par Vincent Held dans le livre qu’il m’a demandé de préfacer l’an prochain, si Dieu nous prête vie.
  • Les peureux. Ils sont hypnotisés par la peur du virus, des pandémies, de tout. Un lâche peut tout faire. La télévision en a fabriqué des millions avec ses chaînes de News et ses actus en bandeaux.
  • Les passifs enfin, dont le rebelle liquide fait aisément partie. Imaginez-vous que soixante personnes seulement s’étaient rassemblées pour demander la libération du professeur Fourtillan… Le reste clique.

Terminons. J’ai beaucoup parlé dans mon livre-recueil sur la servitude volontaire (PDF gratuit, à quatre euros –  prix coûtant – sur Amazon.fr) de notre soumission et de notre acédie. Je voulais évoquer un problème finalement plus brûlant. Combien de bourreaux volontaires seront prêts à se damner pour tourmenter leurs frères et obéir à Klaus Schwab et à sa clique ?

Bibliographie :

Bonnal – Si quelques résistants… ; Littérature et conspiration (Amazon.fr, Dualpha)

00:11 Publié dans Actualité, Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 16 décembre 2020

Macron et la France « orange psychiatrique »

9_EVKlgi.jpg

Macron et la France « orange psychiatrique »

 
 
par Nicolas Bonnal 

Macron tient cet hexagone et il ne va pas le lâcher. Pourquoi se fatiguer à organiser des élections présidentielles que de toute manière il gagnerait grâce à BFM, au juge, au bobo, à l’écolo, au bourgeois ? Macron est venu à point pour profiter de ce qui faisait rêver Sarkozy : la France « orange psychiatrique ». Si l’on veut se consoler, on précisera que l’élite chinoise est indélogeable, que l’élite anglaise l’est aussi : que Netanyahou ou Merkel sont au pouvoir depuis treize ou trente ans, et qu’en somme la gouvernance totalitaire est déjà en place dans presque tous les pays.

Si la France est devenue un pays relativement violent, elle est surtout devenue un pays sous contrôle psychiatrique permanent. De ce point de vue la référence à Kubrick reste essentielle car Orange Mécanique est d’abord une réflexion sur le conditionnement moderne – bien plus que sur la violence et le sexe qui servent de prétexte au dit conditionnement. Le conditionnement permet comme le masque et la distanciation de créer cet individu robotique  dont rêve le pouvoir moderne, et finalement tout pouvoir. Dans le film le conservateur Tory vire au fascisme, comme Boris Johnson, Merkel, Bayrou, tant d’autres…

Ce à quoi nous assistons planétairement c’est à un triomphe des États et des administrations, y compris et surtout dans les pays prétendument libéraux ; les penseurs libéraux m’ont toujours paru hypocrites ou ridicules dans leur défense des belles démocraties anglo-saxonnes… Le flicage mondial convient parfaitement au pouvoir, comme les technologies et c’est pourquoi ils affolent, ruinent et terrorisent leur population en attendant d’en liquider une partie. L’État hégélien se réalise partout, qui avait fait de Bonaparte (« cette âme du monde », disait Hegel) son modèle.

Citons Marx et son Dix-huit Brumaire qui évoque le Second Empire, régime qui inspira Maurice Joly et ses dialogues aux enfers :

« Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

On répète car c’est grandiose : « Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser ».

EHECgR4XYAAcWlG.jpg

Dans le cas de Macron on sait que le parti n’avait pas d’antécédent. C’est un parti d’aventuriers, comme a dit Régis de Castelnau. Et c’est tant pis pour les Français et tant mieux pour l’horreur qui doit se passer en France l’an prochain.

Marx explique encore, et voyez comme cette situation de présent éternel, comme j’aime à dire s’applique pour nous :

« Ce n’est que sous le second Bonaparte que l’État semble être devenu complètement indépendant. La machine d’État s’est si bien renforcée en face de la société bourgeoise qu’il lui suffit d’avoir à sa tête le chef de la société du 10 Décembre, chevalier de fortune venu de l’étranger, élevé sur le pavois par une soldatesque ivre, achetée avec de l’eau-de-vie et du saucisson, et à laquelle il lui faut constamment en jeter à nouveau ».

D’où le désespoir qui aide à maintenir la dictature :

« C’est ce qui explique le morne désespoir, l’effroyable sentiment de découragement et d’humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée ».

Déshonneur après la manif pour tous, déshonneur après les gilets jaunes… Un petit livre de développement personnel pour surmonter tout cela alors ? Comme disait Boris Vian, fils des guerres et de la crise de 29, « ils cassent le monde, il en reste assez pour moi ! »

Le contrôle psychiatrique avant de devenir chimique et audiovisuel fut d’abord tatillon et bureaucratique. Pas besoin de citer Tocqueville pour rappeler que c’est ainsi que l’on crée le troupeau commode qui se masque ou se confine. C’est le développement de cette bureaucratie qui comme dans la Chine eunuque décrite par le sociologue hongrois Balasz crée ce citoyen bancal, handicapé, plus très bon à grand-chose. Certains comme nous peuvent avoir une nostalgie athénienne ou rousseauiste du citoyen autonome qui enflammait les romantiques allemands comme Schlegel, mais comme les autres dépendent de leur pitance étatique, de leur bureaucratie policière et médicale… Il est amusant de rappeler que les deux rares défenseurs de la liberté individuelle et du libre choix dans Orange Mécanique sont le gardien de prison et le bon aumônier. Mais ils incarnent un ordre ancien – et donc moqué et caricaturé chez Kubrick – qui va disparaître devant l’appareil des Gestapos médiatiques et médicales. Le reste acclame le ministre Tory qui prépare déjà le virage fasciste de l’Angleterre anticipée par Burgess, dont la femme avait été violée pendant la guerre par des soldats américains.

C’est l’éminent Castelnau, comme je le disais plus haut, qui a le mieux défini le régime de Macron. Les deux tyrans mondialistes comme Sarkozy ou Hollande furent vus comme étant de droite ou de gauche. Il fallait être au centre-droit, et Macron le fut avec tous les Bayrou, cathos et maçons de la place, partant résolument le bourgeois. Il fallait être aussi roué et aventurier, et il le fut dès le début. Marx encore :

macron_orangemecanique.jpg

« À côté de « roués » ruinés, aux moyens d’existence douteux, et d’origine également douteuse, d’aventuriers et de déchets corrompus de la bourgeoisie, des forçats sortis du bagne, des galériens en rupture de ban, des filous, des charlatans, des lazzaroni, des pickpockets, des escamoteurs, des joueurs, des souteneurs, des tenanciers de maisons publiques, des porte-faix, des écrivassiers, des joueurs d’orgues, des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, bref, toute cette masse confuse, décomposée, flottante, que les Français appellent la « bohème » ».

Castelnau a décrit cette faune LREM sur son blog :

« …chez LREM, recrutés sur CV par Jean-Paul Delevoye y voisinent commerçants faillis, aventuriers, opportunistes sans principe, incompétents notoires et parfaits ahuris dont la seule caractéristique est d’obéir au doigt et à l’œil aux gardes chiourmes nommés par Macron pour les surveiller. Et les punir si jamais ils renâclent. Ce parlement croupion humiliant pour la France, est fort utile à Emmanuel Macron qui l’a complètement enrégimenté. Il n’est que de voir comment sont fixés les ordres du jour, proposés des textes liberticides adoptés sans aucune discussion véritable pour mesurer l’ampleur du désastre… »

La même bohème fut à l’œuvre avec le nazisme qui fut aussi une dictature gay (lisez le Rose et le brun de Philippe Simonnot), écolo, pharmaceutique et petite-bourgeoise. N’oublions pas sa russophobie…

Comme on trouve tout dans les classiques, on trouve même la notion de mascarade chez Marx :

« Vieux roué retors, il considère la vie des peuples, leur activité et celles de l’État, comme une comédie au sens le plus vulgaire du mot, comme une mascarade, où les grands costumes, les grands mots et les grandes poses ne servent qu’à masquer les canailles les plus mesquines. Ce Bonaparte, qui s’institue le chef du sous-prolétariat, qui retrouve là seulement, sous une forme multipliée, les intérêts qu’il poursuit lui-même personnellement, qui, dans ce rebut, ce déchet, cette écume de toutes les classes de la société, reconnaît la seule classe sur laquelle il puisse s’appuyer sans réserve… »

C’est la racaille des banlieues (revoyez les images de Macron à Pantin) et des universités anglo-américaines qui s’impose : c’est la génération Mitterrand. Quel bourgeois ne rêve d’envoyer son rejeton en Angleterre ? On a assisté à un basculement anthropologique et pédagogique ici, et à l’émergence d’une élite techno-fasciste et cosmopolite qui va nous en faire voir de toutes les douleurs… Elle s’appuie sur la racaille de rues qui sert de supplétif à une police alléchée par le sang.

Terminons sur cette France « orange psychiatrique », qui a peur du virus, de musulman, du pollueur, du complotiste, du démasqué, mais pas de l’hydre qui la dévore. Il y a six ans Gérard Chaliand déclarait :

« L’autre jour, je suis passé à la pharmacie et la pharmacienne me disait que les clients défilent, depuis le 13 novembre, pour prendre des calmants. Les gens se demandent ce qui va se passer ; ils ont peur. Les médias nous pourrissent la vie avec leur audimat. Ils rendent service à Daech ; ils font leur propagande : si je relaie six fois un crime de guerre de l’ennemi, je lui rends cinq fois service. C’est la société du spectacle. C’est minable. Mais, non, contrairement à ce que raconte Hollande, nous ne sommes pas en guerre : une guerre, ce serait comme ça tous les jours ; on est dans une situation conflictuelle… En l’espace de trente ans, les gens se sont ramollis. Ils ont peur. Mes compatriotes, dans l’ensemble, ont peur de tout… Comme je l’ai dit, c’est le prix de la paix et de la prospérité. C’est aussi le vieillissement de la population qui engendre le conservatisme. L’espèce humaine cherche la sécurité, hélas, à tout prix. Je l’ai fui car c’est le début de la mort ».

C’est le César de Pagnol, ce chantre de la médiocrité républicaine, qui croyant faire un bon mot, déclare préférer une laide vie à une belle mort. On peut le rassurer : dans la France « orange psychiatrique », il aura une laide vie et une laide mort.

Sources :

Nicolas Bonnal – Kubrick (Dualpha, Amazon) ; Céline (Avatar) ; chroniques sur la fin de l’histoire (Amazon)

Marx – Le dix-huit brumaire


- Source : RI

dimanche, 06 décembre 2020

« Théorie du complot » et comique de répétition

unnamedcomplot.jpg

« Théorie du complot » et comique de répétition

par Nicolas Bonnal

C’est du poumon que vous êtes malade

Le seul argumentaire du système, de ses intendants et de leur populace de téléphages est l’insulte tempérée par la menace. Quoiqu’on dise on est accusé de théorie de la conspiration avec un ricanement insultant et surtout menaçant.  Théorie de la conspiration rimera un jour avec camp de concentration pour les contrevenants et rime aussi avec le fameux comique de répétition. Pensez au poumon du Malade imaginaire de Molière, auteur qui n’a jamais été autant d’actualité : les Femmes savantes, les précieuses, le Malade imaginaire, Tartufe, le Bourgeois gentilhomme et surtout Georges Dandin, cocu à répétition des temps pseudo-cycliques.

Donc si l’on évoque Schwab, Davos, Gates, le mondialisme, l’ARN, l’ADN ou autres, on est accusé de complotisme sur un ton de précieux dégoûté. Cela montre que le système s’est renforcé/affaibli, qui peut s’établir sur une désertification intellectuelle bien globalisée.

Reprenons cette remarque extraordinaire de Guy Debord (il existe une bibliothèque pour l’insulter) sur ces mondialistes qui n’existent pas, ces vaccinateurs qui n’existent pas, ces banquiers qui n’existent pas, ce Reset qui n’existe pas, cet ADN qui n’existe pas, cette censure intégrale qui n’existe pas, cette élection volée qui n’existe pas, cette dictature qui n’existe pas, et tout le reste :

« La plus grande exigence d’une Mafia, où qu’elle puisse être constituée, est naturellement d’établir qu’elle n’existe pas, ou qu’elle a été victime de calomnies peu scientifiques ; et c’est son premier point de ressemblance avec le capitalisme. Mais en la circonstance, cette Mafia irritée d’être seule mise en vedette, est allée jusqu’à évoquer les autres groupements qui voudraient se faire oublier en la prenant abusivement comme bouc émissaire. »

corporate greed.jpg

La cabale mondialiste (voyez mon livre Littérature et conspiration pour constater que Dostoïevski, Chesterton ou Jack London la voient venir en leur temps…) n’existant pas, ne peut exister qu’une méchante volonté de tout inventer pour mieux accuser. Il faut donc sanctionner et insulter les félons avant de pouvoir les enfermer. Et sur cette volonté de ne plus discuter mais d’insulter, qui repose sur la rage et l’impuissance (voyez le petit Blachier face au professeur Toussaint) Schopenhauer a déjà tout dit dans son fameux Art d’avoir toujours raison que l’on trouvera sur Wikisource :

« Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débateur lui-même en attaquant sa personne…En devenant personnel, on abandonne le sujet lui-même pour attaquer la personne elle-même : on devient insultant, malveillant, injurieux, vulgaire. C’est un appel des forces de l’intelligence dirigée à celles du corps, ou à l’animalisme. C’est une stratégie très appréciée car tout le monde peut l’appliquer, et elle est donc particulièrement utilisée. »

Tout le monde peut l’appliquer, en particulier les journalistes ignares qui ne savent que répondre aux savants Toubiana ou Fouché qu’on leur oppose sur un plateau. Que ne peuvent-ils faire taire leur adversaire avec un pistolet ! On oppose parfois les pédants (Molière, toujours) aux savants, or les pédants ne publient rien sur le plan scientifique contrairement à Raoult par exemple.

519uxVU+iOL.jpgTout cela marche parce la bêtise s’est répandue industriellement et ce grâce aux médias. A tout seigneur tout honneur, la presse. Au milieu du dix-neuvième siècle le bon théologien Mgr Gaume écrivait déjà à propos de l’imbécillité positiviste :

« Vous avez des yeux, et vous ne voyez pas ; des oreilles, et vous n'entendez pas; une volonté, et vous ne voulez pas. Fruit du don d'entendement, le sens chrétien, ce sixième sens de l'homme baptisé, vous manque.  Il manque à la plupart des hommes d'aujourd'hui et à un trop grand de nombre de femmes. Il manque aux familles, il manque à la société, il manque aux gouvernants et aux gouvernés, il manque au monde actuel. Monde de prétendues lumière et de prétendu progrès, il ne reste pour toi qu'un dernier vœu à former, c'est que l'Esprit d'intelligence te soit donné de nouveau et te montre à nu l'abîme inévitable, vers lequel te conduit à grands pas l'Esprit de ténèbres, redevenu, en punition de ton orgueil, ton guide et ton maître. »

Car leur monde moderne est le monde des gogos, des consommateurs, des guerres mondiales, du totalitarisme à répétition. Et il veut finir glorieusement par un Reset et une extermination.

Baudrillard dans sa Guerre du golfe avait évoqué la fonction des médias dans le maintien d’une hébétude collective. Or Mgr Gaume rappelle :

« Le premier effet d'un pareil désordre, c'est l'affaiblissement de l'intelligence, hebetudo. L'âme et le corps sont entre eux comme les deux plateaux d'une balance : quand l'un monte, l'autre descend. Par l'excès du boire et du manger, l'organisme se développe, et l'esprit s'émousse, s'épaissit, devient pesant, paresseux, inhabile à l'étude et aux fonctions purement intellectuelles : ce résultat est forcé. Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. En contact intime, habituel et coupable avec la matière, avec l'animalité, l'homme devient matière, il devient bête, animalis homo. »

En effet pour quelqu’un qui n’a pas envie de réfléchir ou de discuter (66%, 90%, 99%  des téléphages), l’accusation de théorie de la conspiration est bienvenue.  Elle est liée à une ignorance fumiste et  à une joie méchante, un ricanement (Blachier toujours à Toussaint : « vous êtes tellement con et conspiratif qu’on ne peut discuter avec vous… »). Et Gaume en parle de ce ricanement agressif, laïc et ploutocratique :

« Le second effet de l'esprit de gourmandise, c'est la folle joie, inepta laetitia. Devenue, par l'excès des aliments, victorieuse de l'esprit, la chair manifeste son insolent triomphe. Des rires immodérés, des facéties ridicules, des propos trop souvent obscènes, des gestes inconvenants ou puérils, des chants, des cris, des danses, des plaisirs bruyants, des fêtes théâtrales en sont l'inévitable expression. »

Alors on fait rentrer les bouffons  sur les plateaux télé, bouffons qui sont là pour ajouter plus de fausseté à l’esprit de ce monde. Et de parler du virus comme le faux médecin de Molière parle du poumon.

Sources:

Schopenhauer – L’art d’avoir toujours raison (Wikisource.org)

Mgr Gaume – Traité du Saint-Esprit, tome deuxième, pp. 472-474

Guy Debord – Commentaires, XXIII

Baudrillard – La Guerre du Golfe n’a pas eu lieu (Galilée)

Bonnal – Littérature et conspiration (Amazon.fr)

 

 

00:38 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, actualité, théorie du complot | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 01 décembre 2020

Pourquoi le Grand Reset se termine (et ne commence pas)

resetting-relationships-1200x628-compressor.jpg

Pourquoi le Grand Reset se termine (et ne commence pas)

par Nicolas Bonnal

Ex: https://reseauinternational.net

Il y a ceux, presque mignons et amusants, comme les journalistes du NYT, qui prétendent que le Grand Reset est une théorie du complot, alors que Davos s’en vante sur son site, et puis il y a ceux qui redoutent le Grand Reset à venir, comme s’il n’était déjà là. Un petit rappel pour les distraits alors. Je suis assez vieux pour avoir vu le Grand Reset commencer au début des années 70 : c’était les années de la crise du pétrole, du Club de Rome, de « Soleil Vert » et de « Rollerball », tout ce qu’il fallait pour rassurer les enfants et préparer un Grand Reset. Car dès cette époque on évoque privation, fin des industries (une vieille lune : découvrez Arthur Penty), catastrophe écologique, désastres urbains, détraquement climatique (« Soleil Vert », « Blade Runner »), émeutes, violence et pénuries. Tout a été dramatisé et exagéré pour nous faire peur, et maintenant c’est au virus de jouer ce rôle pour détruire ce qui nous reste de libertés.

41nHzuYA8kL._SX323_BO1,204,203,200_.jpgDans les années 80, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ces questions, j’ai rencontré un spécialiste nommé Yann Moncomble, disparu prématurément, qui décrivait la stratégie des mondialistes depuis le début du vingtième siècle. Jacques Bordiot l’avait précédé quelques années avant avec un excellent livre nommé « Une main cachée dirige ». On sentait que tout se mettait en place par les banques au milieu du dix-neuvième siècle (c’est « La grande transformation » du génial Polanyi ou le manifeste communiste de Karl Marx) et depuis nous sommes conduits par ces bons bergers, en bon troupeau. Exercices d’ingénierie physique et mentale, les deux guerres mondiales ont encadré le mouvement et précipité la montée de la technocratie dirigeante et celle du troupeau apeuré dont a parlé Tocqueville sur un ton visionnaire.

1945 et la pseudo-déclaration des droits de l’homme marquèrent une avancée vers le totalitarisme planétaire. François Furet, l’homme qui a redécouvert Augustin Cochin, dont j’ai parlé tant de fois, la trouvait trop précise cette déclaration. Et pour cause : elle est indiscrète, elle contrôle, elle commande, elle oriente et elle sert une élite dirigeante à venir et qui est passé au contrôle de tout vers la fin des années 60. Comme dit Watzlawick elle a besoin du malheur des hommes pour mieux les gouverner.

Les élites qui dirigent maintenant (Merkel, Macron, Bruxelles, Netanyahou – voyez le rabbin Amnon Itshak) sont impitoyables : ils veulent plumer, ficher, vacciner, contrôler. En 1967 Brzezinski présente son fameux livre sur la société technétronique. Lui non plus ne se paie pas de mots, certain qu’il est de n’être dénoncé que par les plus lucides vite redéfinis théoriciens du complot ! Et il écrit le bougre :

Brrevolu.jpg« Une autre menace, moins manifeste mais non moins fondamentale, est celle de la démocratie libérale. Plus directement liée à l’impact de la technologie, elle implique l’apparition progressive d’une société plus contrôlée et dirigée. Une telle société serait dominée par une élite dont la prétention au pouvoir politique reposerait sur un savoir-faire scientifique prétendument supérieur. Libérée des contraintes des valeurs libérales traditionnelles, cette élite n’hésiterait pas à atteindre ses objectifs politiques en utilisant les dernières techniques modernes pour influencer le comportement public et maintenir la société sous étroite surveillance et contrôle ».

L’élite qui bosse avec Macron est une conséquence du satané Bonapartisme dont j’ai parlé maintes fois ici et ailleurs (voyez mon « Coq hérétique » publié en 1997 aux Belles Lettres). Mais elle a été sélectionnée pour aller jusqu’au bout et elle le fera. Elle est payée et motivée pour. Dans les années 80 toujours on a vu cette caste mondialiste de hauts fonctionnaires et de soixante-huitards se mettre aux ordres de Bruxelles et du Capital, quand il est apparu que l’U.R.S.S. ne représentait plus une menace (voyez mon texte sur Zinoviev) et qu’on aurait enfin les coudées franches pour se remplir les poches et mettre au pas le populo.

Guy Debord écrivait en cette fin des années 80 :

« Il faut conclure qu’une relève est imminente et inéluctable dans la caste cooptée qui gère la domination, et notamment dirige la protection de cette domination. En une telle matière, la nouveauté, bien sûr, ne sera jamais exposée sur la scène du spectacle. Elle apparaît seulement comme la foudre, qu’on ne reconnaît qu’à ses coups. Cette relève, qui va décisivement parachever l’œuvre des temps spectaculaires, s’opère discrètement, et quoique concernant des gens déjà installés tous dans la sphère même du pouvoir, conspirativement. Elle sélectionnera ceux qui y prendront part sur cette exigence principale : qu’ils sachent clairement de quels obstacles ils sont délivrés, et de quoi ils sont capables ».

817G7IPNbGL.jpgOn voit avec Macron, Merkel ou Grisham (Gouverneure démocrate de l’État du Nouveau Mexique qui vient d’ordonner la fermeture partielle des magasins d’alimentation) que plus aucun obstacle ne les gêne et qu’ils sont capables de tout. Une fois, ajoute Debord que l’on peut « mesurer le point qu’avait pu atteindre la capacité d’hébétude et de soumission des habitants », on peut tout se permettre. Désolé, mais c’est ainsi. Relisez Bernays ou Céline ou même « Le Loup des Steppes » pour comprendre. Il ne parle pas d’autre chose « Le Loup des Steppes ».

L’élite mondialiste voulue par Wilson ou le pseudo-Colonel Mandel House s’est constituée en 1945 donc, et est arrivée à maturité à la fin des années 60 : ce sont les années Rockefeller, Giscard et Trilatérale dont parlait mon ami Moncomble. Cette élite est totalement déracinée, technophile et gavée de paradigmes (Nizan a très bien vu sa source bourgeoise, j’en ai parlé ici). C’est une élite gnostique élevée par des écrans dans des Babel de verre, comme du reste son troupeau innombrable. En Europe on a pu voir l’émergence de cette élite en partie nazie d’ailleurs (voyez mon texte sur Hallstein) dès les années 60. L’immigration, la société de consommation et la liquidation des enseignements allait créer une nouvelle population technophile, nomade et soumise.

Et puis Gorbatchev est arrivé. Tout est allé depuis en s’amplifiant et en s’accélérant, la bêtise et la lâcheté de la masse ne faisaient rien pour écouter les Cassandre muées en théoriciens du complot. Le contrôle des élites asiatiques ou russes est allé de pair, quoiqu’en pensent certains naïfs préoccupés par la Route de la Soie ou le modèle chinois. Modèle chinois qui exige vaccination, contrôle biométrique et gestion informatique de son milliard et quelques d’habitants. Ici encore les oligarques du capitalisme et du Communisme se seront merveilleusement tendu la main. C’est bien Kissinger et Nixon qui ont voulu ce rapprochement avec la Chine de Mao, non ?

Je ne suis pas là pour parler de l’an prochain, tout le monde antisystème le fait, en vain d’ailleurs (« Théorie du complot ! Théorie du complot ! »). Je voulais dire seulement que les choses sont dans une logique terminale. Qui en a fait tant ne peut pas s’arrêter en route (la route du Club de Rome et de « Soleil Vert ») et qui en a fait aussi peu pour se défendre à part cliquer depuis vingt ans (moi y compris, ce n’est pas le problème) ne doit pas s’étonner de ce qui va lui arriver.

Nicolas Bonnal

______________________________________

Bibliographie très sommaire :

Zbigniew Brzezinski : l’ère technétronique

Guy Debord : Commentaires

Paul Watzlawick : Faites vous-même votre malheur

Nicolas Bonnal : Si quelques résistants… Coronavirus et servitude volontaire

Réseau International

00:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, nicolas bonnal, grand reset | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 26 novembre 2020

Guénon, les virus et la civilisation hallucinatoire

00-1-e1510739962760.jpg

Guénon, les virus et la civilisation hallucinatoire

par Nicolas Bonnal

Le caractère hallucinatoire du virus est une évidence. Une modeste épidémie surexploitée médiatiquement sert à happer nos libertés restantes, nos vies et nos ressources. Mais il ne faut pas s’en étonner, dans un monde où le populo passe dix heures par jour le nez dans le smartphone ou le tronc planté devant la télé. L’opération virus est le couronnement de la crasse stupidité  des occidentaux et du caractère hallucinatoire de leur civilisation. Je dirais d’ailleurs comme un ami guénonien (Jean Robin) qu’il ne faut pas trop s’inquiéter de la situation actuelle : elle gonfle comme Oz.

Il est évident que nous vivons sous hypnose : abrutissement médiatique/pédagogique, journaux, actus en bandeaux, « tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire. » Mais cette hypnose est ancienne et explique aussi bien l’ère d’un Cromwell que celle d’un Robespierre ou d’un Luther-Calvin. L’occident est malade depuis plus longtemps que la télé…O Gutenberg…

41C75SSJ77L._SX295_BO1,204,203,200_.jpgJe redécouvre des pages extraordinaires de Guénon en relisant Orient et Occident. Il y dénonce le caractère fictif de la notion de civilisation ; puis son caractère hallucinatoire à notre civilisation ; enfin son racisme et son intolérance permanentes (sus aux jaunes ou aux musulmans, dont les pays – voyez le classement des pays par meurtre sur Wikipédia – sont les moins violents au monde). Problème : cette anti-civilisation dont les conservateurs se repaissent, est la fois destructrice et suicidaire. Exemple : on détruit des dizaines de pays ou des styles de vie pour se faire plus vite remplacer physiquement (puisque métaphysiquement nous sommes déjà zombis)…

Voyons Guénon :

« La vie des mots n’est pas indépendante de la vie des idées. Le mot de civilisation, dont nos ancêtres se passaient fort bien, peut-être parce qu’ils avaient la chose, s’est répandu au XIXe siècle sous l’influence d’idées nouvelles…Ainsi, ces deux idées de « civilisation » et de « progrès », qui sont fort étroitement associées, ne datent l’une et l’autre que de la seconde moitié du XVIIIe siècle, c’est-à-dire de l’époque qui, entre autres choses, vit naître aussi le matérialisme; et elles furent surtout propagées et popularisées par les rêveurs socialistes du début du XIXe siècle.»

Guénon pense comme le Valéry de Regards (1) que l’histoire est une science truquée servant des agendas :

« L’histoire vraie peut être dangereuse pour certains intérêts politiques ; et on est en droit de se demander si ce n’est pas pour cette raison que certaines méthodes, en ce domaine, sont imposées officiellement à l’exclusion de toutes les autres : consciemment ou non, on écarte a priori tout ce qui permettrait de voir clair en bien des choses, et c’est ainsi que se forme l’« opinion publique ».

Puis il  fait le procès de nos grands mots (comme disait Céline : le latin, le latinisant en particulier est conifié par les mots), les mots à majuscule du monde moderne :

« …si l’on veut prendre les mêmes mots dans un sens absolu, ils ne correspondent plus à aucune réalité, et c’est justement alors qu’ils représentent ces idées nouvelles qui n’ont cours que moins de deux siècles, et dans le seul Occident. Certes, « le Progrès » et « la Civilisation », avec des majuscules, cela peut faire un excellent effet dans certaines phrases aussi creuses que déclamatoires, très propres à impressionner la foule pour qui la parole sert moins à exprimer la pensée qu’à suppléer à son absence ; à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps. »

Il a évoqué la suggestion comme Gustave Le Bon. Il va même parler d’hypnose, René Guénon :

«  À cet égard, nous ne croyons pas qu’on ait jamais remarqué suffisamment l’analogie, pourtant frappante, que l’action de l’orateur, notamment, présente avec celle de l’hypnotiseur (et celle du dompteur est également du même ordre) ; nous signalons en passant ce sujet d’études à l’attention des psychologues. Sans doute, le pouvoir des mots s’est déjà exercé plus ou moins en d’autres temps que le nôtre ; mais ce dont on n’a pas d’exemple, c’est cette gigantesque hallucination collective par laquelle toute une partie de l’humanité en est arrivée à prendre les plus vaines chimères pour d’incontestables réalités ; et, parmi ces idoles de l’esprit moderne, celles que nous dénonçons présentement sont peut-être les plus pernicieuses de toutes. »

413GK247A7L.jpgLa science ne nous sauve en rien, bien au contraire. Autre nom à majuscule, elle sert aussi notre mise en hypnose :

« La civilisation occidentale moderne a, entre autres prétentions, celle d’être éminemment « scientifique » ; il serait bon de préciser un peu comment on entend ce mot, mais c’est ce qu’on ne fait pas d’ordinaire, car il est du nombre de ceux auxquels nos contemporains semblent attacher une sorte de pouvoir mystérieux, indépendamment de leur sens. La « Science », avec une majuscule, comme le « Progrès » et la « Civilisation », comme le « Droit », la « Justice » et la « Liberté », est encore une de ces entités qu’il faut mieux ne pas chercher à définir, et qui risquent de perdre tout leur prestige dès qu’on les examine d’un peu trop près. »

Le mot est une suggestion :

« Toutes les soi-disant « conquêtes » dont le monde moderne est si fier se réduisent ainsi à de grands mots derrière lesquels il n’y a rien ou pas grand-chose : suggestion collective, avons-nous dit, illusion qui, pour être partagée par tant d’individus et pour se maintenir comme elle le fait, ne saurait être spontanée ; peut-être essaierons-nous quelque jour d’éclaircir un peu ce côté de la question. »

Et le vocable reste imprécis, s’il est idolâtré :

« …nous constatons seulement que l’Occident actuel croit aux idées que nous venons de dire, si tant est que l’on puisse appeler cela des idées, de quelque façon que cette croyance lui soit venue. Ce ne sont pas vraiment des idées, car beaucoup de ceux qui prononcent ces mots avec le plus de conviction n’ont dans la pensée rien de bien net qui y corresponde ; au fond, il n’y a là, dans la plupart des cas, que l’expression, on pourrait même dire la personnification, d’aspirations sentimentales plus ou moins vagues. Ce sont de véritables idoles, les divinités d’une sorte de « religion laïque » qui n’est pas nettement définie, sans doute, et qui ne peut pas l’être, mais qui n’en a pas moins une existence très réelle : ce n’est pas de la religion au sens propre du mot, mais c’est ce qui prétend s’y substituer, et qui mériterait mieux d’être appelé « contre-religion ».

51cTNdoKygL._SX343_BO1,204,203,200_.jpgL’hystérie occidentale, européenne ou américaine, est violente et permanente (en ce moment russophobie, Afghanistan, Syrie, Irak, Venezuela, Libye, etc.). Elle repose sur le sentimentalisme ou sur l’humanitarisme :

« De toutes les superstitions prêchées par ceux-là mêmes qui font profession de déclamer à tout propos contre la « superstition », celle de la « science » et de la « raison » est la seule qui ne semble pas, à première vue, reposer sur une base sentimentale ; mais il y a parfois un rationalisme qui n’est que du sentimentalisme déguisé, comme ne le prouve que trop la passion qu’y apportent ses partisans, la haine dont ils témoignent contre tout ce qui contrarie leurs tendances ou dépasse leur compréhension. »

 Le mot haine est important ici, qui reflète cette instabilité ontologique, et qui au nom de l’humanisme justifie toutes les sanctions et toutes les violences guerrières.  Guénon ajoute sur l’islamophobie :

« …ceux qui sont incapables de distinguer entre les différent domaines croiraient faussement à une concurrence sur le terrain religieux ; et il y a certainement, dans la masse occidentale (où nous comprenons la plupart des pseudo-intellectuels), beaucoup plus de haine à l’égard de tout ce qui est islamique qu’en ce qui concerne le reste de l’Orient. »

Et déjà sur la haine antichinoise :

« Ceux mêmes d’entre les Orientaux qui passent pour être le plus fermés à tout ce qui est étranger, les Chinois, par exemple, verraient sans répugnance des Européens venir individuellement s’établir chez eux pour y faire du commerce, s’ils ne savaient trop bien, pour en avoir fait la triste expérience, à quoi ils s’exposent en les laissant faire, et quels empiétements sont bientôt la conséquence de ce qui, au début, semblait le plus inoffensif. Les Chinois sont le peuple le plus profondément pacifique qui existe… »

Sur le péril jaune alors mis à la mode par Guillaume II :

« …rien ne saurait être plus ridicule que la chimérique terreur du « péril jaune », inventé jadis par Guillaume II, qui le symbolisa même dans un de ces tableaux à prétentions mystiques qu’il se plaisait à peindre pour occuper ses loisirs ; il faut toute l’ignorance de la plupart des Occidentaux, et leur incapacité à concevoir combien les autres hommes sont différents d’eux, pour en arriver à s’imaginer le peuple chinois se levant en armes pour marcher à la conquête de l’Europe… »

Guénon annonce même dans la deuxième partie de son livre le « grand remplacement » de la population occidentale ignoré par les hypnotisés et plastronné par les terrorisés :

« …les peuples européens, sans doute parce qu’ils sont formés d’éléments hétérogènes et ne constituent pas une race à proprement parler, sont ceux dont les caractères ethniques sont les moins stables et disparaissent le plus rapidement en se mêlant à d’autres races ; partout où il se produit de tels mélanges, c’est toujours l’Occidental qui est absorbé, bien loin de pouvoir absorber les autres. »

Concluons : notre bel et increvable occident est toujours aussi belliqueux, destructeur et autoritaire ; mais il est en même temps humanitaire, pleurnichard, écolo, mal dans sa peau, torturé, suicidaire, niant histoire, racines, polarité sexuelle… De ce point de vue on est bien dans une répugnante continuité de puissance hallucinée fonctionnant sous hypnose (relisez dans ce sens la Galaxie Gutenberg qui explique comment l’imprimerie nous aura altérés), et Guénon l’aura rappelé avec une sévère maîtrise…

Note 

(1) Valéry : « L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines… L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. »

Sources 

René Guénon, Orient et occident, classiques.uqac.ca, pp.20-35

Paul Valéry : Regards sur le monde actuel

Nicolas Bonnal : Si quelques résistants…Coronavirus et servitude volontaire (Amazon.fr)

lundi, 23 novembre 2020

Paul Nizan et la distanciation sociale comme concept très bourgeois

paulNizan.jpg

Paul Nizan et la distanciation sociale comme concept très bourgeois

Par Nicolas Bonnal 

Source nicolasbonnal.wordpress.com

La distanciation sociale, les masques, le lavage obsessionnel des mains, la trouille de son prochain, la vie à distance, tout cela sent le bourgeois.

5b893c8e2886852d6c97f4f429b556a3.jpgDisons-le enfin nûment. Nous sommes dirigés par des bourgeois dangereux. Volage, libertin, le bourgeois sauvage sera sans pitié pour les questions de pognon et de mondialisation, et il le sera d’autant plus qu’il est préoccupé de questions de migrations, de climat, de régionalisme ultra ou de pollution. Il est humanitaire, donc plus moral que le peuple qu’il exploite et méprise avec son Trump. Soros, Rothschild, Macron, les boniches et larbins surpayés de la télé sont des bourgeois qui estiment valoir plus que nous, en termes matériels, mais aussi moraux. Ils s’arrogent donc le droit de nous remplacer. Et ils ont gardé, avec leur modèle anglo-saxon, comme ennemi de toujours, la Russie, qui, tsariste, communiste ou orthodoxe-démocrate, a le pouvoir de les rendre fous.

J’ai enfin découvert Paul Nizan en relisant les Nouveaux chiens de garde de Serge Halimi. Halimi avait décrit la déviance du journaliste de marché dans son livre, mais il avait omis de citer le livre de Nizan, qui est un chef-d’œuvre.

Le bourgeois exploite certes, et il aime les hommes, mais à distance. C’est pourquoi il n’aime pas son prochain. Le milliardaire américain conchie les déplorables, le milliardaire européen conchie son gilet jaune et le fait coffrer en lançant une énième chasse au terroriste invisible.

Nizan donc :

Le bourgeois est un homme solitaire. Son univers est un monde abstrait de machineries, de rapports économiques, juridiques et moraux. Il n’a pas de contact avec les objets réels : pas de relations directes avec les hommes. Sa propriété est abstraite. Il est loin des événements. Il est dans son bureau, dans sa chambre, avec la petite troupe des objets de sa consommation : sa femme, son lit, sa table, ses papiers, ses livres.

Jusque-là on est au dix-neuvième siècle. Après Nizan se montre visionnaire. Le bourgeois-Jules-Verne, coincé dans son avion, son building ou son condominium, voit le monde comme une émission de télé-réalité. Comme dans le sketch des Guignols qui nous montrait un Balladur effrayé de ces gens qu’il voyait des fois à la télé, et qui étaient des Français… Nizan annonce ici Debord et sa société du spectacle, il annonce aussi le monde des écrans où tout est vu à distance :

Tout ferme bien. Les événements lui parviennent de loin, déformés, rabotés, symbolisés. Il aperçoit seulement des ombres. Il n’est pas en situation de recevoir directement les chocs du monde. Toute sa civilisation est composée d’écrans, d’amortisseurs. D’un entrecroisement de schémas intellectuels. D’un échange de signes. Il vit au milieu des reflets. Toute son économie, toute sa politique aboutissent à l’isoler.

20760485411.jpg

Charles Gave rappelait récemment que le bourgeois bobo adore l’humanité mais qu’il déteste les Français. Chez Nizan, cela donne déjà ça :

La société lui apparaît comme un contexte formel de relations unissant des unités humaines uniformes. La Déclaration des Droits de l’Homme est fondée sur cette solitude qu’elle sanctionne. Le bourgeois croit au pouvoir des titres et des mots, et que toute chose appelée à l’existence sera, pourvu qu’elle soit désignée : toute sa pensée est une suite d’incantations. Et en effet pour un homme qui n’éprouve pas effectivement le contact de l’objet, par exemple les malheurs de l’injustice, il suffit de croire que la Justice sera : elle existe déjà pour lui dès qu’il la pense. Il n’y a pas un écart douloureux entre ce qu’il éprouve et ce qu’il pense.

Le bourgeois est dans l’abstraction. Au dix-neuvième, on se fout en Grande-Bretagne victorienne de la famine irlandaise (trois millions de morts) mais on veut abolir l’esclavage en Amérique. John Hobson parlait d’inconsistance dans son classique sur l’impérialisme occidental. Vers 1900, 90% des sanglantes conquêtes coloniales avaient des alibis humanitaires, comme aujourd’hui.
Nizan encore :

Car sa vie n’est pas moins abstraite et solitaire que sa pensée. Un abîme ne sépare point son être privé et sa personne morale. Les Droits de l’Homme expriment assez complètement le peu de réalité qu’il possède. Marx a donné des descriptions admirables de cet Homme bourgeois « membre imaginaire d’une souveraineté imaginaire, dépouillé de sa vie réelle et individuelle et rempli d’une généralité irréelle.

Le bourgeois crée une série d’êtres abstraits avec le transgenre et le reste, et de problèmes abstraits pour éviter de parler des questions qui fâchent, comme le fait qu’1% des gens détiennent 93% des richesses mondiales (80% selon le Figaro, mais pourquoi chicaner avec la presse-Dassault ?), ou que vingt-sept Français possèdent plus que trente-deux millions… Quand on sait que les premiers aiment les domestiques non déclarés, les éoliennes et les évasions fiscales, sans oublier l’art contemporain (je n’ai pas dit moderne) le plus putréfié, on comprend enfin mieux nos problèmes, surtout qu’ils contrôlent les médias et ont fait élire leur falote et efféminée marionnette à l’Élysée en profitant de la fin, dangereuse pour eux à long terme, du binôme bouffon droite-gauche.

les-chiens-de-garde-5.jpg

Puis Nizan décrit comment le bourgeois devient dangereux. La technologie est venue pour servir ses desseins, le cancer technologique dont nous parle Philippe Grasset dans plusieurs livres inspirés.

Dans son univers où rien n’arrive réellement, il doit avoir, pour continuer à vivre, l’illusion qu’il se passe quelque chose. Mais l’intelligence est justement le seul élément de l’homme qui puisse se développer pour soi. La pauvreté réelle de la vie bourgeoise permit aux jeux de l’esprit une prolifération autonome. L’intelligence bourgeoise se développa comme un cancer. Ce que le bourgeois ne trouvait pas dans la pratique véritable de la vie humaine, il dut le remplacer par quelque chose qui était au dedans de lui, qui lui permettait malgré tout de s’affirmer qu’il vivait.

On répétera cette phrase en pensant à Klaus Schwab et à Bill Gates : « L’intelligence bourgeoise se développa comme un cancer. » Et cela donne dans les hautes sphères bureaucratiques le besoin de faire envahir l’Europe, de fracasser le monde arabe, de démolir la Chine ou la Russie, de nous faire bouffer de la merde (Gates) et de nous mettre sans rire à la diète globaliste.

La science bourgeoise, Nizan sent qu’elle dégénère et cela donne cinquante ans après sous la plume de Guy Debord :

La science de la justification mensongère était naturellement apparue dès les premiers symptômes de la décadence de la société bourgeoise, avec la prolifération cancéreuse des pseudosciences dites « de l’homme » ; mais par exemple la médecine moderne avait pu, un temps, se faire passer pour utile, et ceux qui avaient vaincu la variole ou la lèpre étaient autres que ceux qui ont bassement capitulé devant les radiations nucléaires ou la chimie agroalimentaire.

838_gettyimages-541051055.jpg

Les milliardaires qui contrôlent ce pays, les eurocrates-mondialistes bourgeois mis en place en 45 puis en 57, les bobos babyloniens qui les assistent (et en vivent toujours plus mal), ne font que maintenir notre vieille aliénation. Et ce que je nomme fin de l’Histoire n’est qu’une ère bourgeoise qui n’en finit pas.

Car on se doute que le destin de l’ère bourgeoise n’est pas de finir en despotisme éclairé. Découvrez Paul Nizan en tout cas, le penseur obscur qui a mis le doigt ou cela fait le plus mal : le bourgeois est prétentieux, il se la pète, il est content de lui alors qu’il commet toutes les injustices de la terre, que ce soit aujourd’hui en province, au Yémen, en Grèce ou en Palestine :

Ne parlent-ils pas de Liberté, de Justice, de Raison, de Communion ? Ne se mettent-ils point sans cesse dans la bouche les mots d’Humanisme et d’Humanité ? Ne savent-ils point que leur mission est d’éclairer et d’aider les hommes ? C’est ainsi qu’ils font la théorie de la pratique bourgeoise, qu’ils font la métaphysique de l’univers auquel le bourgeois tient : le bourgeois fut toujours un homme qui justifiait son jeu temporel par le rappel de sa mission spirituelle. Le bourgeois sait. Ses fonctions économiquement, politiquement dirigeantes exigent d’être complétées et garanties par des fonctions spirituellement dirigeantes.

Tout cela rappelle l’effrayant Maurice Godelier, universitaire-anthropologue-concepteur de la théorie du genre, et qui avoue « être fonctionnaire au service de l’Humanité »

81WgQk7SwtL.jpg

Nizan sur notre omniprésente racaille philanthrope :

Le bourgeois est conseiller et il est protecteur. Il incline à la philanthropie. Il fonde des dispensaires. Des crèches. Noblesse obligeait. Bourgeoisie oblige.

Et je citerai Maïakovski pour terminer, qui soulignait cette voracité si bourgeoise et omniprésente à la télé :

Ешь ананасы, рябчиков жуй,
день твой последний приходит, буржуй.

Mange des ananas, mâche des tétras,
ton dernier jour arrive, bourgeois !

Nicolas Bonnal sur Amazon.fr

Sources

jeudi, 19 novembre 2020

Douze bonnes raisons de ne pas nous révolter

740_espacebuzz5447757b0b9a4.jpg

Douze bonnes raisons de ne pas nous révolter

par Nicolas Bonnal

Certains voient le peuple réagir, tout casser. Et de trembler… On sent que ces gentils Cassandre voudraient mettre en garde le pouvoir contre nous, comme s’il n’était pas déjà prêt à nous atomiser ce pouvoir, surtout avec la facile élection truquée de Biden qui va confiner les États-Unis pour l’hiver et imposer le masque et le vaccin partout.

Mais je vois moi plein de raisons pour ne pas bouger du tout. Désolé, je serai féroce.

  • La dictature des chaines info est totale, tenant la plupart des gens sous contrôle. Aucune rébellion chez les jeunes, aucune sagesse chez les anciens qui ont l’âge des soixante-huitards et ont toujours gobé le storytelling médiatique.
  • Nous avons avalé le poison de leur techno-dictature et nous nous en contentons. L’addiction à l’écran et à la technologie a été voulue par nos maîtres certes, mais aussi par nous-mêmes.
  • Nous-mêmes résistants (ou se croyant tels) nous nous contentons de cliquer. Nous faisons de la résistance liquide (Bauman), le système nous ayant liquidés. Nous ne sommes pas capables d’opposer une résistance solide à la dictature.
  • Nous avons intégré le fait que nous sommes trop nombreux, pollueurs. Les gens iront au crématoire croyant faire une bonne action.
  • La menace qui nous paraît à nous réelle : Reset, Blockchain, vaccins, camps, dépopulation, paraît farfelue non pas aux médias mais à tout le monde.
  • L’être humain adore la servitude volontaire : voyez ici mes textes sur La Boétie. Ce que je veux dire c’est qu’il est facile de soumettre 90% du populo. Platon rappelle que le tyran ne prend pas le pouvoir contre le peuple mais avec lui (République, VIII).
  • Le putsch est mondial, et aucun pays ne montre l’exemple : pourquoi la France le ferait-elle ?
  • Les Gilets Jaunes ont constitué une gifle phénoménale à la face du peuple. Il n’ose plus bouger par peur de se ridiculiser, et comme on le comprend ! L’épisode mériterait son histoire sérieuse comme mai 68.
  • Les gens passent tous dans la rue le pif dans le smartphone. Y ajouter un masque sur ce même pif ne change pas grand-chose. Les contraintes actuelles accélèrent un vieux comportement entropique, ne le créent pas.
  • On espère ici ou là que le confinement sera rétribué (le fameux revenu universel) et on ne s’en trouvera pas si mal.
  • Le système a des alliés naturels : les retraités, les fonctionnaires, les « farces de l’ordre », les syndicats, les partis politiques, les médias, qui sont tous financés par lui et par la planche à billets de la BCE.
  • Le monde moderne est hallucinatoire (Guénon) : on a la médecine, la liberté, le progrès, la science, tout un tas de mots hypnotiques avec des majuscules qui nous tiennent sur l’éteignoir. Tout cela rend difficile le réveil.

mercredi, 18 novembre 2020

Tocqueville et la démocratie comme prison historique

Goldhammer-toqueville_img.jpg

Tocqueville et la démocratie comme prison historique

par Nicolas Bonnal

Ex: https://reseauinternational.net

Depuis 1815 l’humanité vit dans un présent permanent ; c’est une peine perpétuelle, que j’ai compris jeune en découvrant la conclusion des Mémoires d’outre-tombe. Une génération plus tard, un autre aristocrate français, Tocqueville, devine dans sa Démocratie en Amérique et surtout ailleurs que les carottes sont cuites ; il sera suivi par une certain Kojève, qui analyse tout lui à partir de Hegel et deux dates françaises : 1792 et 1806. Même un matheux dont j’ai parlé ici même et nommé Cournot comprend vers 1860 que nous entrons dans la posthistoire. Raison pourquoi nous pouvons appliquer aussi facilement Marx et d’autres analystes du dix-neuvième siècle (Michels, Engels, Drumont, Sorel, Pareto…) aux situations que nous vivons en ce moment ; tout semble bouger alors que tout est immobile. Tout est devenu de l’actualité, pas de l’histoire. Même les guerres mondiales voulues par l’empire britannique n’ont fait que renforcer un état de choses devenu universel et inévitable. Il fallait mettre l’aristocratie prussienne au pas, a dit Alexandre Kojève (« démocratisation de l’Allemagne impériale »).

Je relisais Tocqueville l’autre nuit en attendant mon vaccin, mon badge et le NWO qui datent de 1815 ; et je me disais : « vous n’avez jamais été vaccinés ? Vous n’avez jamais été massacrés lors des guerres truquées ? Vous n’avez jamais été victimes des banquiers ? Vous n’avez jamais été cocufiés aux élections ? Vous n’avez jamais lu Octave Mirbeau ? Vous n’avez jamais été désinformés par la presse ? Allez, le monde moderne est une colossale tromperie pour zombis. Et comme on ne peut pas tuer ce qui est mort (dixit Michelet), on n’en a pas fini avec lui et sa démocratie, et sa dette immonde, et sa laideur pantomime. »

la-da-de-tocqueville-2.jpgPour imposer cela il a fallu rendre les gens bêtes. On est passé de Racine et Mozart au rap et au rock. Tocqueville écrit :

« Ils aiment les livres qu’on se procure sans peine, qui se lisent vite, qui n’exigent point de recherches savantes pour être compris. Ils demandent des beautés faciles qui se livrent d’elles-mêmes et dont on puisse jouir sur l’heure ; il leur faut surtout de l’inattendu et du nouveau. Habitués à une existence pratique, contestée, monotone, ils ont besoin d’émotions vives et rapides, de clartés soudaines, de vérités ou d’erreurs brillantes qui les tirent à l’instant d’eux-mêmes et les introduisent tout à coup, et comme par violence, au milieu du sujet. »

Et Tocqueville  évoque ensuite notre sujet – le présent permanent –  ici : « comment l’aspect de la société, aux États-Unis, est tout à la fois agité et monotone ».

Sous l’impression d’agitation, Tocqueville note l’immobilité :

« Il semble que rien ne soit plus propre à exciter et à nourrir la curiosité que l’aspect des États-Unis. Les fortunes, les idées, les lois y varient sans cesse. On dirait que l’immobile nature elle-même est mobile, tant elle se transforme chaque jour sous la main de l’homme. À la longue cependant la vue de cette société si agitée paraît monotone et, après avoir contemplé quelque temps ce tableau si mouvant, le spectateur s’ennuie. »

Après c’est l’éternel retour et il me semble qu’on comprendrait mieux Nietzsche en appliquant cette notion à notre situation démocratique, si lucidement dénoncée par Zarathoustra (le dernier homme…) :

« Ils sont sujets, il est vrai, à de grandes et continuelles vicissitudes ; mais, comme les mêmes succès et les mêmes revers reviennent continuellement, le nom des acteurs seul est différent, la pièce est la même. L’aspect de la société américaine est agité, parce que les hommes et les choses changent constamment ; et il est monotone, parce que tous les changements sont pareils. »

L’homme moderne ou démocratique fabrique des objets industriels. Et avant Chaplin, Ellul ou Taylor, Tocqueville comprend que cela le transforme en mécanique industrielle :

« Or, l’industrie, qui amène souvent de si grands désordres et de si grands désastres, ne saurait cependant prospérer qu’à l’aide d’habitudes très régulières et par une longue succession de petits actes très uniformes. Les habitudes sont d’autant plus régulières et les actes plus uniformes que la passion est plus vive. »

Plus sinistre, l’unification du monde. Chateaubriand posait déjà une question :

« Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne ? Ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? »

Tocqueville remarque de même :

« Ce que je dis de l’Amérique s’applique du reste à presque tous les hommes de nos jours. La variété disparaît du sein de l’espèce humaine ; les mêmes manières d’agir, de penser et de sentir se retrouvent dans tous les coins du monde. Cela ne vient pas seulement de ce que tous les peuples se pratiquent davantage et se copient plus fidèlement, mais de ce qu’en chaque pays les hommes, s’écartant de plus en plus des idées et des sentiments particuliers à une caste, à une profession, à une famille, arrivent simultanément à ce qui tient de plus près à la constitution de l’homme, qui est partout la même. »

75810b374bc1a86311acdee063179394.jpgEt Tocqueville de conclure sur cette mondialisation industrielle et marchande des médiocrités partagées :

« S’il était permis enfin de supposer que toutes les races se confondissent et que tous les peuples du monde en vinssent à ce point d’avoir les mêmes intérêts, les mêmes besoins, et de ne plus se distinguer les uns des autres par aucun trait caractéristique, on cesserait entièrement d’attribuer une valeur conventionnelle aux actions humaines ; tous les envisageraient sous le même jour ; les besoins généraux de l’humanité, que la conscience révèle à chaque homme, seraient la commune mesure. Alors, on ne rencontrerait plus dans ce monde que les simples et générales notions du bien et du mal, auxquelles s’attacheraient, par un lien naturel et nécessaire, les idées de louange ou de blâme. »

La dramatique tragédie (qui est en fait une absence de tragédie bien au sens médical-démocratique) que nous vivons en ce moment couronne le piège historique et terminal que représente l’avènement de la démocratie sur cette planète. C’est bien Tocqueville qui a parlé du pouvoir tutélaire et doux, et du troupeau bien docile, pas vrai ? Avec comme modèle non plus l’occident aristocratique anéanti en 1945 (dixit Kojève), mais la Chine et son totalitarisme basé sur la gouvernance eunuque depuis des siècles.

Nicolas Bonnal

Chroniques sur la Fin de l’Histoire

vendredi, 23 octobre 2020

Maurice Joly et le « gouvernement par le chaos » vers 1864

M.Joly_(cropped).jpg

Maurice Joly et le « gouvernement par le chaos » vers 1864

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Certains croient dénoncer un système tout nouveau. Mais le système est ancien, il a la vie dure. Ce qui ne le tue pas le rend plus fort, on l’a vu cette année.

Voyons un maître. Il a inspiré les protocoles, mais il a surtout tout dit.  Maurice Joly, à partir de ses références à la Grèce antique et au second empire bonapartiste, a fasciné Karl Marx. Découvrez-le sur wikisource et faites un don à Wikipédia, qui le mérite bien.

Bilan nul des révolutions de 1848 :

« Attendez : Dans vos calculs, vous n’avez compté qu’avec des minorités sociales. Il y a des populations gigantesques rivées au travail par la pauvreté, comme elles l’étaient autrefois par l’esclavage. Qu’importent, je vous le demande, à leur bonheur toutes vos fictions parlementaires ? Votre grand mouvement politique n’a abouti, en définitive, qu’au triomphe d’une minorité privilégiée par le hasard comme l’ancienne noblesse l’était par la naissance. Qu’importe au prolétaire courbé sur son labeur, accablé sous le poids de sa destinée, que quelques orateurs aient le droit de parler, que quelques journalistes aient le droit d’écrire ? »

Populisme, despotisme ?

« Je vous réponds qu’un jour il les prendra en haine, et qu’il les détruira de sa main pour se confier au despotisme. »

Machiavel dresse le bilan des sociétés lugubres (avec cette seule référence au judaïsme, d’ailleurs pas hostile) :

« De la lassitude des idées et du choc des révolutions sont sorties des sociétés froides et désabusées qui sont arrivées à l’indifférence en politique comme en religion, qui n’ont plus d’autre stimulant que les jouissances matérielles, qui ne vivent plus que par l’intérêt, qui n’ont d’autre culte que l’or, dont les mœurs mercantiles le disputent à celles des juifs qu’ils ont pris pour modèles.Croyez-vous que ce soit par amour de la liberté en elle-même que les classes inférieures essayent de monter à l’assaut du pouvoir ? C’est par haine de ceux qui possèdent ; au fond, c’est pour leur arracher leurs richesses, instrument des jouissances qu’ils envient. »

Pessimisme politique :

« Quelles formes de gouvernement voulez-vous appliquer à des sociétés où la corruption s’est glissée partout, où la fortune ne s’acquiert que par les surprises de la fraude, où la morale n’a plus de garantie que dans les lois répressives, où le sentiment de la patrie lui-même s’est éteint dans je ne sais quel cosmopolitisme universel ? »

M._Joly._Dialogue_aux_enfers._Title_page,_1864.jpeg

Nécessité (Marx voit la même chose dans le 18 Brumaire) du super-Etat tentaculaire, césarien ou bonapartiste, en tout cas bien socialiste, qui gère et contrôle nos moindres gestes :

« Je ne vois de salut pour ces sociétés, véritables colosses aux pieds d’argile, que dans l’institution d’une centralisation à outrance, qui mette toute la force publique à la disposition de ceux qui gouvernent ; dansune administration hiérarchique semblable à celle de l’empire romain, qui règle mécaniquement tous les mouvements des individus ; dans un vaste système de législation qui reprenne en détail toutes les libertés qui ont été imprudemment données ; dans un despotisme gigantesque, enfin, qui puisse frapper immédiatement et à toute heure, tout ce qui résiste, tout ce qui se plaint. Le Césarisme du Bas-Empire me paraît réaliser assez bien ce que je souhaite pour le bien-être des sociétés modernes. »

On précise comme Tocqueville que l’on n’a plus besoin de violence pour contrôler les hommes (puisqu’il suffit de les abrutir) :

« Il ne s’agit pas aujourd’hui, pour gouverner, de commettre des iniquités violentes, de décapiter ses ennemis, de dépouiller ses sujets de leurs biens, de prodiguer les supplices ; non, la mort, la spoliation et les tourments physiques ne peuvent jouer qu’un rôle assez secondaire dans la politique intérieure des États modernes. »

Hélas, contrôler la bêtise humaine est aisé – voyez Platon (république, VIII) ou La Boétie :

« Dans tous les temps, les peuples comme les hommes se sont payés de mots. Les apparences leur suffisent presque toujours ; ils n’en demandent pas plus. On peut donc établir des institutions factices qui répondent à un langage et à des idées également factices ; il faut avoir le talent de ravir aux partis cette phraséologie libérale, dont ils s’arment contre le gouvernement. Il faut en saturer les peuples jusqu’à la lassitude, jusqu’au dégoût. On parle souvent aujourd’hui de la puissance de l’opinion, je vous montrerai qu’on lui fait exprimer ce qu’on veut quand on connaît bien les ressorts cachés du pouvoir. »

9782296001589-475x500-1.jpgMachiavel conseille un peu de chaos, un peu de dissonance et d’incohérences pour contrôler la masse :

« Mais avant de songer à la diriger, il faut l’étourdir, la frapper d’incertitude par d’étonnantes contradictions, opérer sur elle d’incessantes diversions, l’éblouir par toutes sortes de mouvements divers, l’égarer insensiblement dans ses voies.Un des grands secrets du jour est de savoir s’emparer des préjugés et des passions populaires, de manière à introduire une confusion de principes qui rend toute entente impossible entre ceux qui parlent la même langue et ont les mêmes intérêts. »

Le despotisme de Tocqueville (Etat tutélaire et doux, etc.)  est ici repris, sous une forme impériale ou démocratique :

« Dans vos sociétés si belles, si bien ordonnées, à la place des monarques absolus, vous avez mis un monstre qui s’appelle l’État, nouveau Briarée dont les bras s’étendent partout, organisme colossal de tyrannie à l’ombre duquel le despotisme renaîtra toujours. Eh bien, sous l’invocation de l’État, rien ne sera plus facile que de consommer l’œuvre occulte dont je vous parlais tout à l’heure, et les moyens d’action les plus puissants peut-être seront précisément ceux que l’on aura le talent d’emprunter à ce même régime industriel qui fait votre admiration. »

L’Etat profond, comme l’Etat socialiste en France ou ploutocrate en Amérique, a besoin de guéguerres :

« À toute agitation intérieure, il doit pouvoir répondre par une guerre extérieure ; à toute révolution imminente, par une guerre générale ; mais comme, en politique, les paroles ne doivent jamais être d’accord avec les actes, il faut que, dans ces diverses conjonctures, le prince soit assez habile pour déguiser ses véritables desseins sous des desseins contraires ; il doit toujours avoir l’air de céder à la pression de l’opinion quand il exécute ce que sa main a secrètement préparé. »

 Gouverner par le chaos ? Mais on y est déjà :

« Pour résumer d’un mot tout le système, la révolution se trouve contenue dans l’État, d’un côté, par la terreur de l’anarchie, de l’autre, par la banqueroute, et, à tout prendre, par la guerre générale. »

Avec patience et vaseline, écrit Céline, éléphant encugule fourmi. Donc recruter des avocats, des publicistes et des bureaucrates :

« Le pouvoir que je rêve, bien loin, comme vous le voyez, d’avoir des mœurs barbares, doit attirer à lui toutes les forces et tous les talents de la civilisation au sein de laquelle il vit.Il devra s’entourer de publicistes, d’avocats, de jurisconsultes, d’hommes de pratique et d’administration, de gens qui connaissent à fond tous les secrets, tous les ressorts de la vie sociale, qui parlent tous les langages, qui aient étudié l’homme dans tous les milieux. Il faut les prendre partout, n’importe où, car ces gens-là rendent des services étonnants… »

maurice-joly-dijalog-paklu-izmedu-machiavellija-montesquieua-slika-107430523.jpgLes réformes ? Mais l’Etat adore réformer la France, l’Europe, le monde, les retraites :

« L’usurpateur d’un État est dans une situation analogue à celle d’un conquérant. Il est condamné à tout renouveler, à dissoudre l’État, à détruire la cité, à changer la face des mœurs. Ainsi je toucherai tour à tour à l’organisation judiciaire, au suffrage, à la presse, à la liberté individuelle, à l’enseignement. »

Pensée unique ? Elle est déjà nommée par Joly. Lisez donc :

« Comment voulez-vous que la grande masse d’une nation puisse juger si c’est la logique qui mène son gouvernement ? Il suffit de le lui dire. Je veux donc que les diverses phases de ma politique soient présentées comme le développement d’une pensée unique se rattachant à un but immuable… »

Un peu de Décodex, mais pas trop. Il faut laisser les antisystèmes s’exprimer (ouf), recommande l’adroit Machiavel :

« Dans les pays les plus avancés de l’Europe en civilisation, l’invention de l’imprimerie a fini par donner naissance à une littérature folle, furieuse, effrénée, presque immonde, c’est un grand mal. Eh bien, cela est triste à dire, mais il suffira presque de ne pas la gêner, pour que cette rage d’écrire, qui possède vos pays parlementaires, soit à peu près satisfaite. »

Attentat False Flag ou fausse bannière ? On y est déjà, les enfants ! Car ça vous fait remonter dans les sondages (on dit alors l’opinion) :

« Il y aura peut-être des complots vrais, je n’en réponds pas ; mais à coup sûr il y aura des complots simulés. À de certains moments, ce peut être un excellent moyen pour exciter la sympathie du peuple en faveur du prince, lorsque sa popularité décroît. »

L’attentat permet de renforcer les contrôles, pardon, la sécurité !

« En intimidant l’esprit public on obtient, au besoin, par-là, les mesures de rigueur que l’on veut, ou l’on maintient celles qui existent. Les fausses conspirations, dont, bien entendu il ne faut user qu’avec la plus grande mesure, ont encore un autre avantage : c’est qu’elles permettent de découvrir les complots réels, en donnant lieu à des perquisitions qui conduisent à rechercher partout la trace de ce qu’on soupçonne. »

L’urbanisme… Construire des HLM, des banlieues, des villes nouvelles pour éloigner les pauvres. Joly en parle avant Mumford ou Debord :

« Mais vous comprenez bien que je n’entends pas rendre la vie matérielle difficile à la population ouvrière de la capitale, et je rencontre là un écueil, c’est incontestable ; mais la fécondité de ressources que doit avoir mon gouvernement me suggérerait une idée ; ce serait de bâtir pour les gens du peuple de vastes cités où les logements seraient à bas prix, et où leurs masses se trouveraient réunies par cohortes comme dans de vastes familles. »

Pour une fois, notre ilote/idéaliste/Montesquieu de service comprend le truc…

9789688670255.jpgEnfin le peuple maso aime et comprend les coups, le 11 septembre, et tous les Bataclan :

« Ne craignez pas que le peuple s’émeuve jamais des coups que je porterai. D’abord, il aime à sentir la vigueur du bras qui commande, et puis il hait naturellement ce qui s’élève, il se réjouit instinctivement quand on frappe au-dessus de lui.Peut-être ne savez-vous pas bien d’ailleurs avec quelle facilité on oublie. Quand le moment des rigueurs est passé, c’est à peine si ceux-là mêmes que l’on a frappés se souviennent. »

Petit hommage à l’Europe et à ses libertés compressées :

« Ne craignez rien, je suis des vôtres, je porte comme vous une couronne et je tiens à la conserver : j’embrasse la liberté européenne, mais c’est pour l’étouffer. »

Le pouvoir subventionne la presse et devient journaliste :

« Dans les pays parlementaires, c’est presque toujours par la presse que périssent les gouvernements, eh bien, j’entrevois la possibilité de neutraliser la presse par la presse elle-même. Puisque c’est une si grande force que le journalisme, savez-vous ce que ferait mon gouvernement ? Il se ferait journaliste, ce serait le journalisme incarné. »

Le pouvoir contrôle et soudoie tout via la presse :

« Comme le dieu Vishnou, ma presse aura cent bras, et ces bras donneront la main à toutes les nuances d’opinion quelconque sur la surface entière du pays. On sera de mon parti sans le savoir. Ceux qui croiront parler leur langue parleront la mienne, ceux qui croiront agiter leur parti agiteront le mien, ceux qui croiront marcher sous leur drapeau marcheront sous le mien. »

Et dire qu’on nous parle de 1984 ! C’est en 1864 qu’est née cette société et les authentiques résistants doivent cesser de la sous-estimer.

Sources

Maurice Joly – Dialogues aux enfers (Wikisource)

Etienne de La Boétie – Discours de la servitude volontaire (Wikisource)

Alexis de Tocqueville – De la démocratie, II, 4ème partie, chapitre six

Nicolas Bonnal – Chroniques sur la fin de l’histoire ; Céline (Kindle)

15:21 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maurice joly, 19ème siècle, livre, nicolas bonnal | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook